La révolte des rois

Pour sa centième édition, le Grand Prix d’Espagne verra-t-il à nouveau la révolte des rois ? Celle de Lewis Hamliton, le sextuple champion du monde et six fois vainqueurs ici ? Celle de Fernando Alonso, le prince des Asturies de la F1, double champion du monde et double vainqueur ici, dix ans exactement après sa dernière victoire ? Celle de son héritier potentiel, roi en devenir, Carlos Sainz Jr ? C’est en tout cas ce qu’attendent les centaines de milliers de fans espagnols qui se masseront dans les tribunes de ce grand prix qui a connu, depuis cent ans, plusieurs berceaux. De Sitges-Terramar à Barcelona-Catalunya où il est installé aujourd’hui et où Michael Schumacher remporta sa première victoire pour Ferrari, en passant par celui du parc de Monjuic et la tragédie de 1975, de Jerez et de Jarama, il fut le théâtre d’affrontements épiques. Et si le double champion du monde espagnol a troqué le rouge Ferrari endossé par son héritier pour le vert des Aston Martin, il reste, dix ans après, un sérieux prétendant à la victoire, désireux de récupérer une couronne qu’il dut déposer aux pieds de Lewis Hamilton.


L’un de ces duels opposa en 1976 d’autres rois : James Hunt, Nikki Lauda et bien évidemment….Michel Vaillant. Dans La révolte des rois, trente-deuxième album de la série avec sa magnifique couverture d’un Michel Vaillant toisant un pilote inconnu, le pilote français affronte durant cette course un Niki Lauda, champion du monde en titre passé chez Ferrari et qui a gagné deux ans plus tôt le grand prix et un James Hunt bien décidé au volant de sa McLaren Ford, à lui ravir la couronne mondiale des pilotes. Mais apparaît en début de saison un jeune pilote, Alfredo Fabri, au volant d’une Ferrari privée qui va bouleverser le duel annoncé et s’immiscer dans la course au titre notamment durant cette course que remporta Michel Vaillant devant Hunt et Lauda. Quant à Fabri, il ne marqua qu’un point. Le Grand Prix d’Espagne a ainsi marqué, dans cet album, la révolte des rois face notamment à ce jeune prodige. Cette course fut également relatée dans le film Rush (2013) de Ron Howard lorsque James Hunt, arrivé premier fut déclassé puis reclassé.

Victoire de Fernando Alonso
© AFP

Les deux histoires finirent par se rejoindre lorsque l’accident tragique de Lauda au Nürburgring fut transporté sur le circuit du Grand Prix du Canada dans l’album de Jean Graton. Victime d’un accrochage, la voiture d’Alfredo Fabri prit feu et il fallut tout le courage des pilotes de l’écurie Vaillante pour extraire le jeune pilote de sa voiture et lui éviter une mort certaine. Dans un cas comme dans l’autre, sur l’asphalte allemand comme sur le papier canadien, un miracle permit à Alfredo Fabri et à Nikki Lauda de survivre. Quant à Fernando Alonso, c’est sur le tracé de Melbourne en 2016 qu’il connut sa plus grosse frayeur après être entré, comme ses deux aînés, dans une légende qu’il tentera, après sa très belle deuxième place à Monaco, de raviver. A moins que Carlos Sainz Jr ne profite de cette occasion pour se faire sacrer sur ce circuit catalan qui promet, une nouvelle fois, de réserver bien des surprises.

Par Laurent Pfaadt

A lire :

Jean Graton, Michel Vaillant, La révolte des rois, 48 p. 2012

Portrait de Fernando Alonso dans Daniel Ortelli, Loïc Chenevas-Paule, Jean-François Galeron, Les champions du monde de Formule 1, Casa éditions, 176 p.

A voir :

Rush de Ron Howard avec Chris Helmsworth et Daniel Brühl (2013)