Archives de catégorie : Lecture

#Lecturesconfinement : Kudos de Rachel Cusk par Carole Fives

Je conseille le dernier roman de
Rachel Cusk, Kudos, et tous les
livres de cette autrice que je viens
de découvrir, et que j’ai dévorés en
quelques semaines (vive le confinement, juste pour ça !). Elle a
une façon très ironique et très lucide de parler de nos vies, de nos rencontres, de nos comportements. C’est troublant, c’est très très drôle, et c’est surtout une écriture très nouvelle. Elle me fait penser par beaucoup d’aspects à Nathalie Sarraute, dont je vénère le travail, et dont je vous conseille aussi l’excellent livre Tu ne t’aimes pas (Folio).

Carole Fives est écrivaine. Dernier livre paru : Térébenthine
(Gallimard)
 Kudos de Rachel Cusk (L’Olivier)
par Carole Fives

#Lecturesconfinement : Churchill d’Andrew Roberts par Delphine Ernotte

Je lis, ou plutôt je dévore la
biographie de Churchill d’Andrew
Roberts. C’est bluffant de précision,
de finesse et d’intelligence : on
comprend tout et l’auteur rectifie au
passage les propres récits de
Churchill dans Mes jeunes années
notamment. Et ça qui se lit comme
un roman !
Delphine Ernotte est la présidente
de France Télévisions

Churchill
d’Andrew Roberts (Perrin)
par Delphine Ernotte

#Lecturesconfinement : Le vaisseau des morts de B. Traven par Louise Browaeys

Un livre qui m’a hantée et que j’ai lu plusieurs
fois sans jamais en percer l’intime mystère.
Cette image de deux hommes face à leur
chaudière, pelletant le charbon sur un vieux
bateau à vapeur, un vaisseau fantôme qui va
couler, un cercueil flottant qui est en train de
couler sous nos yeux pour que l’armateur
touche la prime d’assurance, et qui nous fait
couler avec lui. Cette monstrueuse Odyssée
sur les mers de l’Europe, dans les années 20,
qui est une histoire si étrangement
universelle. Cette dérive, sans papier, sans
argent, sans identité. Ce suspens existentiel
qui nous fait toucher la matière de l’éternité,
une émotion littéraire incomparable, la beauté sans limite d’une amitié entre deux
hommes. 

Louise Browaeys est agronome, conférencière et
 l’autrice de nombreux livres en
lien avec l’écologie (Permaculture au quotidien, Terre vivante, 2018, et
Accompagner le vivant, Diateino, 2019). 
Son premier roman, La Dislocation
(HarperCollins) est paru en septembre 2020. 
Le vaisseau des morts de B. Traven (La Découverte)
par Louise Browaeys
 

#Lecturesconfinement : L’archipel d’une autre vie d’Andreï Makine par Nathalie Péchalat

Une épopée dans la taïga
russe…Une fuite en avant, une
traque… Ce livre nous emmène
dans un autre monde, nous
rapproche de la nature et nous
ouvre les yeux sur un possible
« ailleurs ». Vivement conseillé
pour ceux qui pensent ou sont en
reconversion professionnelle ou
personnelle.
Nathalie Péchalat, double
championne d’Europe de danse
sur glace, est la présidente de la
fédération française des sports de glace.
L’archipel d’une autre vie d’Andreï Makine (Seuil)
par Nathalie Péchalat

#Lecturesconfinement : Les Hommes de bonne volonté de Jules Romains par Laurent Petitmangin

J’aime la tension et la résonance de
ces 27 volumes. On sent la Grande
guerre s’imposer, sa sourde
mécanique. On assiste atterrés à la
bataille de Verdun, du côté des
humbles et des puissants. On
s’éprend de Paris et de sa couronne,
magnifiquement décrites. Et
surtout, on y rencontre des hommes
et des femmes de toute extraction,
avec des destins communs ou
extraordinaires, peu importe, on
aura certainement une tendresse
toute particulière pour ces deux
amis de Normale Sup. Le monde tel qu’il est, dans toute son
incohérence, la fragilité des destins, et son lot de désillusions. Une
narration au final très moderne, en « split screens », des bribes de vie
« inutiles » à l’intrigue générale mais précieuses pour le lecteur, et à
peine susurré, l’humanisme optimiste de Jules Romains.
Laurent Petitmangin est cadre chez Air France et romancier. Son premier roman, Ce qu’il faut de nuit (La Manufacture de livres) a
obtenu le prix Stanislas en 2020
Les Hommes de bonne volonté de Jules Romains (Robert Laffont)
par Laurent Petitmangin

#Lecturesconfinement : La Castafiore, nouvelle biographie très enrichie et toujours non autorisée ! d’Albert Algoud et Alain Bouldouyre par Jean-Christophe Berthain

Albert Algoud, pape incontesté
et incontestable de la
tintinolâtrie 
et auteur d’un
nombre considérable
d’ouvrages réputés dédiés à
Hergé et à son héros, met à jour
et complète l’un de ses
monuments : la biographie non
autorisée de la Castafiore dont
on découvrira qu’elle fut l’amie
des Grands de ce monde. Son
parcours enchanté nous
enchantera : Tito, de Gaulle,
Castro, Roosevelt, Mao, Nehru,
Churchill… elle les a tous fréquentés et ils sont tous tombés à ses
pieds, se prosternant devant le rossignol milanais qui, plus que
jamais, rit de se voir si belle (ou si beau ? mystère !) en ce miroir.
Anecdotes, scoops, révélations et témoignages inédits agrémentent
le livre d’Albert Algoud, idéal pour supporter le confinement sans
céder à la morosité. On rit beaucoup, on chante aussi et pour le
cafard, ce sera Tintin !
Jean-Christophe Berthain est romancier. Son premier roman, ZOF
1945
 est publié au Cherche-Midi.
La Castafiore, nouvelle biographie très enrichie et toujours
non autorisée !
d’Albert Algoud et Alain Bouldouyre (Cherche-Midi)
par Jean-Christophe Berthain

#Lecturesconfinement : Des vies à découvert de Barbara Kingsolver par Cécile Menanteau et Géraldine Schiano de Colella

Nous avons très envie de vous dire
combien la lecture du nouveau
roman de l’écrivaine Barbara
Kingsolver nous a envahies,
enchantées, éblouies.
 Cela
s’appelle « Des vies à découvert »
et c’est une merveille d’intelligence
et d’écriture si talentueuse qu’on
ne se rend compte de rien, on se
laisse juste envahir par l’histoire de
cette famille d’universitaires sans
le sou et d’un autre côté par ces
deux voisins qui vont créer une
relation magnifique.
Cela se passe sur deux temps, dans une même maison, dans le New Jersey. Ecrivaine qui écrit avec parcimonie, entre poésie, prose et
militantisme, Barbara Kingsolver est aussi une scientifique qui
questionne nos vies bouleversées depuis plusieurs livres. Ici, ce
serait comment vivre tout en se réinventant sans cesse, sans
détruire quiconque. Prendre le temps de lire cette merveille, c’est
assurément se faire du bien.

Extrait :

« – Nulle créature n’accepte facilement de vivre à découvert.

– A découvert, nous nous tenons dans la lumière

– A découvert nous nous savons destinés à mourir.

A nouveau, elle répondit à ses craintes par un regard plein de
considération, et seulement cela. Pas de niaiseries destinées à le
réconforter. »

Cécile Menanteau et Géraldine Schiano de Colella,
librairie-café les Biens-Aimés à Nantes (44000)
Des vies à découvert de Barbara Kingsolver (Rivages éditions)
par Cécile Menanteau et Géraldine Schiano de Colella

#Lecturesconfinement – Je ne vis que pour toi d’Emmanuelle de Boysson par Eric Genetet

Le titre est si beau, la couverture
évoque immédiatement le plaisir, mais
ce ne sont pas les seuls atouts de ce
nouveau roman d’Emmanuelle de
Boysson. Je ne vis que pour toi est
palpitant et sensuel. Un roman parfait
pour supporter notre époque et qui
rappelle, comme une madeleine, une
autre époque que l’on a baptisée
« Belle ». On y parle de liberté, on y
croise Proust, Cocteau, Joyce et des
femmes fascinantes comme Colette.
Je ne vis que pour toi est l’histoire de
Valentine, une petite Bretonne qui
rêve de devenir écrivain. Lorsqu’elle débarque à Paris au bras de son
mari, elle rencontre Natalie Barney, riche Américaine, femme de
lettres au charme magnétique. Le début d’une passion sulfureuse.
Un roman pour oublier le confinement, et finement les cons.
Eric Genetet est journaliste et écrivain. Derniers livres parus :
Un bonheur sans pitié et Tomber (éditions Héloïse d’Ormesson)
Je ne vis que pour toi d’Emmanuelle de Boysson (Calmann-Lévy)
par Eric Genetet 

#Lecturesconfinement – Il faut sauver les Arméniens de Jean Jaurès par Nathalie Baravian

Le 3 novembre 1896, le jeune
député socialiste Jaurès prononce
un discours historique devant la
Chambre des Députés où il
expose les terribles massacres des
Arméniens de 1894-1896
orchestrés par Abdul Hamid,  « le
Sultan rouge » dans l’Empire
Ottoman, prémices du génocide
de 1915. Il dénonce le silence et  la
passivité de l’Europe et surtout du
gouvernement français qui fait
passer la raison diplomatique et
économique avant la sauvegarde
des peuples, la justice et le droit : « pas un cri n’est sorti de vos bouches,
pas une parole n’est sortie de vos consciences »
. Le discours visionnaire
d’un homme courageux qui se dresse pour la justice et l’humanité. Il
impressionna ses contemporains et suscita l’admiration de Proust
dans Jean Santeuil. A  lire ou à relire, et à méditer d’urgence.

Nathalie Baravian est attachée de presse littéraire.
Il faut sauver les Arméniens de Jean Jaurès (Mille et une nuits)
par Nathalie Baravian

#Lecturesconfinement – Apeirogon de Colum McCann par Gaëlle Nohant

Colum McCann nous offre un roman
somptueux 
tissé de fragments
d’humanité, d’éclats de lumière et de
destins
 imbriqués comme les facettes
de l’apeirogon, figure géométrique
composée d’un nombre infini 
de
côtés. Faisant rayonner son roman
autour de
 l’amitié entre Rami et
Bassam, l’Israélien et le Palestinien,
pères endeuillés d’une fille assassinée
par l’autre camp et combattants pour
la paix, 
le romancier nous bouleverse
et nous
 fait entrer dans le point de
vue des autres, tous 
les autres,
illustrant la nécessité de la fiction pour nous comprendre, dépasser
la haine et restituer 
la complexité des êtres et du monde.

Gaëlle Nohant est écrivaine.
Dernier livre paru : La femme révélée (Grasset)
Apeirogon de Colum McCann (Belfond) par Gaëlle Nohant