#Lecturesconfinement : Miarka d’Antoine de Meaux par Laurent Pfaadt

On serait tenté de voir en Miarka
une autre Simone Veil, celle de la
Résistance. Mais Miarka, de son
véritable nom Denise Vernay, fut
tellement plus que cela, tellement
plus que l’ombre d’un mythe
républicain. Celle qui partagea
avec son illustre cadette, le même
sang et cette même douleur qui
coula dans les pays Baltes et à
Auschwitz où périrent leurs
parents et leur frère, fut une
résistante, et quelle résistante.
Agent de liaison pour le
mouvement Franc-Tireur dans la région lyonnaise et en Savoie, elle
fut arrêtée, torturée puis déportée à Ravensbrück et Mauthausen.

Le grand mérite d’Antoine de Meaux est ainsi d’avoir singularisé
cette femme digne, empathique, courageuse, altruiste et d’avoir
immortalisé sa modestie en même temps que sa grande force de
caractère qui, à bien des égards, lui a permis de survivre. Avec ses
magnifiques mots parfaitement choisis comme on sculpte un
mausolée de marbre, l’écrivain n’omet rien : l’enfance avec André, ce
père tiré d’un roman de Joseph Roth, « épris de la beauté du monde
qui avançait sur le fil de la vie comme un funambule »,
l’antisémitisme, les horreurs de la guerre et cette sinistre prison de
Montluc, puis la déportation, celle qu’elle vécut mais également celle
que l’on suit avec angoisse à l’autre bout de la France et de l’Europe,
de Simone et de ses parents. Il y a cette injustice qu’elle combattit
toujours quel que soit l’oppresseur comme lorsqu’elle se substitua
aux « lapins », ces femmes mutilées, victimes d’expériences
médicales à Ravensbrück mais également les joies retrouvées de
l’après-guerre, le compagnonnage avec Germaine Tillion,
l’éloignement avec Milou, l’aînée. Grâce à l’abondante
correspondance confiée par la famille Veil/Vernay, Antoine de
Meaux nous fait entrer dans la tête de son héroïne, dans son esprit
et surtout dans le cœur de cette femme qu’il a si bien connu.

Chez les scouts, Denise et Simone étaient éclaireuses. Elles le
restèrent, chacune à leur manière, toute leur vie. Aujourd’hui, au
Panthéon dorment Simone Veil et Germaine Tillion. Un jour, une
anonyme y abandonnera un exemplaire du livre d’Antoine de Meaux.
Une anonyme au Panthéon. Telle fut la destinée de Miarka.

Miarka d’Antoine de Meaux (Phébus)
par Laurent Pfaadt