Les partisans, Kessel et Druon, une histoire de famille

Dominique Bona, Les partisans, Kessel et Druon, une histoire de famille
Aux éditions Gallimard, 528 p.

C’est la rencontre littéraire en pleine seconde guerre mondiale, de deux géants associant leurs talents pour la plus noble des causes : la défense de la nation face à un péril mortel. Le premier, la quarantaine passée, Joseph Kessel, est alors un écrivain connu et reconnu, auteur de L’Equipage, Belle de jour ou Fortune carrée. L’autre, son neveu de vingt-cinq ans, Maurice Druon, n’a pas encore écrit Les Rois maudits mais voue une admiration sans bornes à cet oncle qui lui présente héros de l’aéropostale et autres aventuriers. Deux hommes composant auprès du général à Londres, fin mai 1943 et à partir des paroles d’Anna Marly, la légende du Chant des partisans. Deux mythes créant un autre.

Cachée dans les recoins de l’Histoire, Dominique Bona, académicienne rompue aux biographies passionnées, nous raconte tout cela dans ce livre débordant de passion et d’espièglerie. La biographe de Berthe Morisot et de Clara Malraux tisse ainsi à merveille cette biographie croisée aux tours et détours surprenants tant les deux hommes, unis dans un même destin national le temps d’une chanson, s’avèrent différents et prendront des routes distinctes. Car si l’un ne vit que pour l’aventure, l’autre, au contraire, n’aspire qu’à devenir un grand bourgeois. 

En compagnie de ces deux monstres de la littérature et de Germaine Sablon, la maîtresse de Kessel et troisième héroïne du livre, Dominique Bona embarque ainsi son lecteur pour un voyage historique et littéraire absolument magnifique, de leur arrivée à Londres après avoir franchi la frontière espagnole à la naissance d’Israël avec des va-et-vient durant la Première guerre mondiale, la guerre froide ou Vichy.

Kessel et Druon deviendront tous les deux immortels, au sens propre comme au figuré avec des millions de livres vendus dans le monde entier et des épées d’académiciens. Aujourd’hui, ils le sont un peu grâce au récit merveilleux de l’une d’entre elle.

Par Laurent Pfaadt