MOTHERS A SONG FOR WARTIME

Le retour de la metteure en scène polonaise Marta Gornicka marque une fois de plus l’engagement du Maillon pour les causes humaines en tension. On a encore en tête son « Magnficat » qui nous la révéla lors du Festival Premières en 2012 et qui remettait en question ie statut de la femme polonaise soumise aux diktats de la religion catholique dominante dans ce pays.


Elle aborde dans cette récente création un sujet d’une actualité brûlante, la guerre en Ukraine et d’une manière plus générale les souffrances que toute guerre ne manque pas d’engendrer.

Ce conflit se déroulant au cœur de L’Europe, à proximité de la Pologne, ce pays a vu arriver nombre de réfugiées et c’est parmi elles que Marta Gornicka a choisi les femmes qui constituent en compagnie de mères polonaises et biélorusses, le chœur qui interprète cette œuvre.

Elles nous apparaissent en groupe serré, bien droites face à nous, en tenues ordinaires, jupes, pantalons, shorts tee-shirts, l’air résolu.

Une toute jeune fille ouvre le spectacle en lisant un poème devant les spectateurs. Il est question d’une tradition ukrainienne qui évoque avec l’arrivée d’un oiseau, celle du printemps et celle de changer le monde. On pense à la paix qui, justement pourrait opérer cette nécessaire transformation puisque pour l’heure il n’est question que de guerre partout dans le monde.

Elles entament d’une seule voix un chant dont les paroles sont traduite en français et en anglais  sur un bandeau, répété, martelé, souligné par les frappes du tambour il dit »Bonne nuit », un chant de souhait comme aiment les pratiquer les coutumes ukrainiennes. Ironie, provocation, puisque repos, tranquillité sont difficilement conciliables avec la guerre.

Pour énoncer les exactions entraînées par la guerre, et ce dont elles vont faire état, les bombardements, les morts les séparations les viols, l’exil, elles se déplacent en ligne, en diagonale selon des rythmes quasiment de marches militaires, frappant du pied le sol avec énergie et du même coup galvanisant notre attention. On peut parler d’une chorégraphie militante pour ces mouvements réglés au plus juste qu’un sit in vient parfaire.  Il y a de la colère dans leurs voix qui vocifèrent, dénoncent, ironisent sur les manques de l’Europe, interpellent le public avec de grands ricanements sonores, des « ah ! ah ! ah ! répétés à l’envi.

Chacune viendra dire qui elle est et confier un bout de son histoire.

En contrepoint après avoir énoncé ce que cette guerre était vraiment elles chanteront main dans la main un chant sur l’amour, et puis les bras levés répéteront avec force ce souhait universel

« Never Again, Never Again » qui ne pouvait qu’entraîner l’adhésion du public.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 6 octobre 2023