Saison 23-24 au TNS

Ils se sont mis à deux, deux amoureux du théâtre pour présenter la nouvelle saison. L’un qui part, Stanislas Nordey , après y avoir exercé  deux mandats de directeur, l’autre qui arrive  Caroline Guiela Nguyen qui fut élève de cette Ecole et en devient la nouvelle directrice. Sa nomination s’étant longuement fait attendre la programmation a dû s’organiser selon les modalités suivantes ; première partie de saison prise en charge par Stanislas, seconde par Caroline.


Pour l’un comme pour l’autre il s’agira de conduire les spectateurs à toujours plus de découvertes, de réflexions et de plaisir.

Pour ce qui concerne les choix de Stanislas Nordey, cela débutera avec « La tendresse »   une mise en scène de Julie Berés qui a conçu, à partir d’enquêtes et avec quelques complices, une pièce très drôle qui interroge la masculinité aujourd’hui.

Ensuite pour « Oui », un court roman de Thomas Bernhard, on retrouvera Célie Pauthe à la mise en scène et Claude Duparfait au jeu.

Avec « Radiolive-La relève » on plonge dans le documentaire à partir de multiples rencontres de personnes de différentes générations venues de différents pays pour témoigner de leur vécu. C’est une œuvre réalisée par Aurélie Charon, productrice à France Culture et Amélie Bonnin, directrice artistique et réalisatrice, accompagnée en live d’une musicienne.

« Le voyage dans l’Est » est une mise en scène de Stanislas Nordey, sa dernière ici, du récit de Christine Angot qui évoque dans une langue travaillée avec précision l’inceste dont elle a été victime de la part de son père.

« Il Tartuffo » nous emmène en Italie à la rencontre du Teatro di Napoli-Teatro Nazionale pour une mise en scène  du texte de Molière traduit en italien par Carlo Repetti et mis en scène par Jean Bellorini avec « une troupe magique qui a  le sens de la comédie ,du spectacle et de la fête » nous annonce Stanislas Nordey qui ,dans un seul en scène, intitulé « Evangile de la nature » s’inspire  du « De rerum natura »  du philosophe-poète Lucrèce (97-55 av. JC), traduit par Marie Ndiaye avec la collaboration d’Alain Gluckstein et mis en scène par Christophe Perton,  un hymne à  la nature sans dieux ni maître, une invitation à aller vers les lumières de la connaissance, une manière  bien pertinente de dire aurevoir à Strasbourg.

Le mois de Janvier voit démarrer la programmation de Carolin Guiela Nguyen, avec 13 spectacles issus d’écriture contemporaines dont deux seront signés de sa main, en particulier, en mars « SAÏGON » une reprise de sa mise en scène vue ici en 2018 qui évoque dans le décor d’un restaurant vietnamien situé à Saigon en1956 et à Paris en 1996 les problème des populations forcées à l’exil en raison  de leur choix politique. Puis, en mai ce sera « Lacrima » sa première création à Strasbourg qui montre le travail exceptionnel auquel doivent se livrer les ouvrières et les ouvriers de la haute couture réalisant dans l’ombre de vrais chefs-d’œuvre.

Mais  d’autre part on  pourra voir « Le lench » d’Eva Doumbia lauréate  du Prix des Lycéens Bernard-Marie Koltès 2022 qui suit ici le parcours d’une famille malienne en province et les difficultés auxquelles sont confrontés  leurs enfants.

Dans « La chanson (reboot) » on va rencontrer dans un texte écrit et mis en scène par Tiphaine Raffier qui critique  les villes nouvelles aux architectures  faussement anciennes ,trois belles actrices  qui s’entraînent à imiter le groupe ABBA jusqu’au départ de l’une d’elle. Ainsi se dessine les contours d’une autre forme « La langue de mon père » nous introduit dans la problématique de ce que la connaissance ou l’apprentissage des langues éveillent en nous. C’est une histoire liée à celle de Sultan Ulutas Alopé,une jeune autrice et metteuse en scène  d’origine turque et kurde.

« Sans tambour » nous offre un spectacle qui tisse théâtre et musique. Ecrit et mis en scène par Samuel Achache il part de Lieder de Schumann pour nous parler d’un couple en crise.

« Great Apes of the West Coast » présente la performance de Princess Isatu Hassan Bangura, une performeuse qui , en croisant le théâtre, la danse, pose le problème de l’identité  puisque  née en Sierra Leone elle  s’est  ensuite formée en Europe .

Quête d’identité dans « Fajar  ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète » d’Adama Diop qui a passé 20 ans au Sénégal et 20 ans en France et a conçu ce spectacle qu’il joue en compagnie de musiciens.

Avec les détenus de la Maison centrale d’Arles, Joel Pommerat a  monté « Amours (2) » à  partir de fragments de ses propres textes .

« Cosmos » Ce spectacle qui met en scène trois actrices et deux circassiennes posent le problème de la  possibilité pour les femmes d’aller dans l’espace et interroge leur passion pour ce métier d’astrophysicienne.

« Vielleicht »Titre qui signifie « Peut-être » en allemand met en cause les appellations de rue dans un quartier de Berlin où il serait question de remplacer les noms des colonisateurs par ceux de la résistance africaine, le quartier étant justement appelé « Quartier africain »

Fin mai nous aurons rendez-vous avec la metteure en scène d’origine turque Hatice Ozer , qui a conçu deux spectacles, le premier intitulé « Le chant du père » est justement sa rencontre sur scène  avec son père Yavuz Ozer qui, accompagné de son luth oriental, chante et témoigne de l’exil.

Elle signe également le dernier spectacle de la saison avec « Koudour », sa dernière création dans laquelle elle joue, entourée de musiciens, la maitresse de cérémonie au cours d’un mariage traditionnel turc dont nous serons, en quelque sorte les invités pour ce moment de fête.

Ainsi se dessinent les contours d’une autre forme de théâtre engagé dont Caroline Guiela  Nguyen précisera la ligne directrice à la rentrée de septembre.

La présentation au public en présence des artistes a lieu le 17 juin à L’Espace Grüber à 19 H sur réservation.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope