Sarabande pour un chef d’œuvre

A la découverte
des secrets de
fabrication de
Barry Lyndon.
Magnifique

Quarante-cinq ans
après sa sortie,
Barry Lyndon reste
toujours aussi
fascinant. La
preuve avec le
merveilleux
ouvrage que les
éditions TASCHEN lui consacrent après avoir publié, il y a
quelques années, les archives Kubrick.

Barry Lyndon est d’abord l’adaptation d’un roman de William
Thackeray, les Mémoires de Barry Lyndon (1844). Après avoir
imposé son nom et son style avec des films cultes comme 2001,
l’Odyssée de l’espace
(1968) et Orange mécanique (1971), Stanley
Kubrick s’attaqua en 1975 au roman historique pour mettre en
scène les aventures de cet intrigant. Le réalisateur connu pour son
exigence et en même temps pour son inventivité souhaitait
absolument coller au réalisme du XVIIIe siècle – il fit une entorse
en utilisant le trio de Schubert composé en 1814 – et mit un soin
tout particulier à ce que le scénario ne déborde pas le cadre défini.
« Le scénariste a tendance à vouloir se montrer créatif trop vite »
assurait-il dans l’entretien qu’il donna à Michel Ciment et que
l’ouvrage reproduit en même temps que plusieurs planches du
scénario annotée de la main du cinéaste

L’ouvrage nous fait alors entrer dans le laboratoire du film et ce
qu’il nous révèle est absolument fascinant. De la réalisation des
costumes à l’utilisation de décors naturels, les passages sur la
photographie de John Alcott qui reçut pour ce film l’un des quatre
Oscars sont, de loin, les plus intéressants. Tout en écornant le
mythe d’une lumière naturelle qu’il n’était pas possible, à cette
époque, de rendre intacte sans apports artificiels, Barry Lyndon
demeure l’un des plus beaux films d’intérieur avec cet éclairage à
la chandelle qui lui donne des airs de tableaux vivants. « Je ne
pouvais pratiquement pas bouger sinon je devenais floue »
se souvint
Marisa Berenson qui interprète Lady Lyndon. Le livre montre ainsi
comment Kubrick obtint cette incroyable patine en utilisant des
objectifs Zeiss récupérés de la NASA et bricolés par ses
techniciens.

Porté par la merveilleuse Sarabande d’Haendel ainsi que
l’incroyable trio de Schubert dans la scène de la séduction de Lady
Lyndon, la musique, en remplaçant certains dialogues, accentue la
dramaturgie de l’histoire. Au final,  Barry Lyndon, cette histoire si
moderne de ce personnage mi-héros, mi-crapule, n’a,
esthétiquement et philosophiquement, pas pris une ride.

Par Laurent Pfaadt

Alison Castle, Stanley Kubrick, Barry Lyndon,
Coffret livre & DVD, TASCHEN.

Pour aller plus loin : Alison Castle,
Les Archives Stanley Kubrick,
TASCHEN, 544 p.