Le Roman de Genji appartient au patrimoine littéraire japonais. Cette œuvre d’une grande beauté, encensée par les plus grands écrivains à commencer par Borges et écrite dans un Moyen-Age plein de mystères relate les aventures de Genji, ce fils illégitime de l’Empereur du Japon, fruit d’un amour inconsolable, à la cour de l’Empire du Soleil levant.
René de Ceccaty, traducteur émérite du japonais et les éditions Vendémiaire embarquent le lecteur dans ce nouveau voyage en suivant cette incroyable épopée qui chevauche entre rêve et réalité. Reprenant l’excellente traduction de Kikou Yamata de 1927, la prose de Shikibu se veut à la fois roman et poésie mâtinée de quelques touches de réalisme magique. Le caractère métronomique de la narration est proprement stupéfiant. Profondément contemplatif et pétri de rebondissements, ce conte des mille et une nuits japonais est à déguster ligne après ligne…
Par Laurent Pfaadt
Murasaki Shikibu, Le Roman de Genji, Aux éditions Vendémiaire, 336 p.
En cette période difficile nous avons invité les artistes à travailler autour de la notion d’Art Doudou car nous avons besoin de réconfort et d’humour. L’art peut-il être cet objet transitionnel ? Quel est votre Art Doudou ?
Le 12 mars en conférence de presse (par Zoom), le directeur général du Festspielhaus de Baden-Baden, Benedikt Stampa, très entouré, a présenté l’épine dorsale des deux prochains Festivals de Pâques : l’opéra russe autour de Tchaïkovski et Pouchkine en étroite collaboration avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin (représentés par Olaf Maninger, violoncelle solo) et son chef Kirill Petrenko.
L’édition 2021 – qui ne peut se tenir aux dates prévues en raison de la pandémie – sera rattrapée du 6 au 9 mai avec un programme réduit, celle de 2022 se déroulera l’an prochain du 9 au 18 avril.
Kirill Petrenko, chef principal de la phalange berlinoise depuis 2019, rappelait la commotion d’avoir dû suspendre Fidelio l’an passé. Ce printemps, il a fallu « déplacer Pâques en mai », pour préserver cette collaboration avec le Festival à laquelle il est très attaché et qui permet au Berliner de cultiver sa tradition d’orchestre de fosse. Il est très heureux d’offrir aux festivaliers Mazeppa, un opéra avec de beaux personnages et que Tchaïkovski a innervé de thèmes folkloriques. L’œuvre entrera au répertoire de l’orchestre et sera donné en version concertante avec une belle distribution vocale (dont Olga Peretyatko en Maria, Vladislav Sulimsky en Mazeppa). Le maestro dirigera aussi deux productions en 2022, toujours de Tchaïkovski : « La dame de pique » dans une nouvelle mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier et « Yolantha » en version de concert.
Anna Netrebko
Également programmés au printemps 2022, les trois plus célèbres ballets de Stravinsky interprétés par les Berliner et trois prestigieuses sopranos : Asmik Grigorian, Anna Netrebko et Sonya Yoncheva.
Dans l’immédiat, durant la semaine de Pâques 2021 (du 1er au 5 avril), le Festspielhaus Baden-Baden poursuivra son HausFestspiel en streaming gratuit et en direct avec des membres du Berliner Philharmoniker. Le dimanche de Pâques (4/04) à 17 heures, l’orchestre au grand complet dirigé par Kirill Petrenko s’invitera sur Arte avec des œuvres de Tchaïkovsky et Rachmaninov.
Les prochains jours, un « concert expérimental » des Berliner rôdera les protocoles pour valider un accueil sûr et serein du public comme des musiciens. Cela permettra de préciser la jauge de mai et d’ouvrir la billetterie (préventes seulement à partir du 9 avril pour le Festival 2021, mais dès le 18 mars 2021 pour l’édition 2022).
Toutes ces informations sont évidemment données avec les réserves d’usage en ces temps chahutés. Pour les mélomanes, le mieux est de vérifier le détail de la programmation sur le site du Festspielhaus.
Donnerstag 18. März – So 23. Mai 2021 Galerie 1: Emeka Udemba
#Another day in Paradise
An der „Regionale21“ zeigt Emeka Udemba die neue Installation #Another day in Paradise mit raumgreifender Malerei und Objekten. Ausgangspunkt ist seine Erfahrung, als Schwarzer in Deutschland zu leben und aufgrund der Hautfarbe oftmals als Anderer abgestempelt zu werden. Die Porträts sind von einer Art collagierter Schleier überzogen, der die verstellte Wahrnehmung thematisiert. Die mit Spiegelscherben beklebten Kapuzenobjekte spiegeln den Blick und die von ihm ausgehenden Machtstrukturen.
Galerie 2:
Künstler*innen: Nadine Cueni (CH), Daniel Dressler & Lynne Kouassi (CH), Jasper Simeon Mehler (CH), Paula Mierzowsky & Johann Diel (DE), Björn Nussbächer (CH), Julian Salinas (CH), Lea Torcelli (DE), Florian Thate (DE), Jodok Wehrli (CH)
Songs From the End of the World
Unsere Gegenwart ist nicht nur von einer Pandemie bestimmt, sondern sie muss sich auch mit den drohenden ökologischen Desastern stellen. Es scheint, dass wir aktuell die vielfältigen Symptome eines grundsätzlichen Wandels verspüren. Die an der „Regionale21“ gezeigten Positionen beschäftigen sich mit Themen des Übergangs, der Transformation oder der Auflösung. Einige versuchen, Reflexions- und Handlungsräume zu schaffen für mögliche Wege in die Zukunft.
Öffnungszeiten
Do/Fr 17-20 Uhr, Sa 14-20 Uhr, So 14-18
Es gelten die allgemeinen Abstands- und Hygienemaßnahmen. Terminbuchung erforderlich – online über unsere Homepage.
Arvo Pärt est très certainement l’un des plus grands compositeurs vivants. Son énorme production placée sous le signe du mysticisme et de la méditation explose littéralement dans ce Miserere. De cette œuvre musicale composée d’après le Psaume 51, « Miserere mei, Deus », « Ô Dieu, aie pitié de moi », tout le monde a en tête la version d’Allegri. Mais celle d’Arvo Pärt, composée initialement en 1989 et révisée en 1992, n’a rien à envier à son lointain modèle, bien au contraire.
Dotée d’une puissance émotionnelle absolument prodigieuse portée par un orchestre très inspiré et qui fait oublier la version de référence du Hillard Ensemble, cette version du Miserere, œuvre que Nanni Moretti utilisa dans son film Habemus Papam est véritablement portée par la grâce. Le caractère minimaliste de son écriture, loin d’appauvrir l’œuvre, la transcende au contraire, produisant un effet émotionnel similaire à celui de la troisième symphonie de Górecki. Quant à son Dies Irae, il est bienveillant, impérieux sans être punitif.
Une œuvre à posséder assurément dans sa discothèque.
Par Laurent Pfaadt
Arvo Pärt, Miserere, Chor des Bayerischen Rundfunks, Münchner Rundfunkorchester, dir. Howard Arman Chez BR Klassik
Leonid Brejnev adorait le théâtre. Et la pièce dont il fut le principal acteur s’apparenta tantôt à une honteuse tragédie, tantôt à une comédie pathétique. C’est ce que montre à merveille cette première biographie française du leader soviétique signée Andreï Kozovoï, maître de conférences à l’université de Lille. Pour quelle raison Brejnev ne suscita que peu d’intérêt parmi les chercheurs français ? Parce que coincé entre le turbulent Khrouchtchev et le réformateur Gorbatchev ? Parce que son époque ne vacilla pas comme à Cuba en 1962 ou à Berlin en 1989 ? Parce que Brejnev incarna parfaitement l’antihéros, objet des blagues les plus grotesques et symbole du discrédit moral de l’URSS ? Peut-être pour toutes ces raisons à la fois finalement.
Dans ce grand théâtre cynique et sanglant que fut le 20e siècle, Leonid Brejnev demeura longtemps dans la coulisse. Modèle de l’apparatchik ayant réussi à passer entre les gouttes des purges, il rejoignit la cour d’un autre ukrainien, Nikita Khrouchtchev qu’il trahit lors de la révolution de palais d’octobre 1964 qui le porta au pouvoir. Grâce à des archives inédites, l’auteur nous fait ainsi revivre presque heure par heure, au sein du Poliburo, cet évènement majeur du 20e siècle.
Fin politique, Brejnev installa une gouvernance faite de népotisme où l’on retrouva des membres de sa famille et de la « mafia de Dniepropetrovsk » c’est-à-dire de fidèles à lui, au sein d’un système qualifié de « culte de la personnalité sans personnalité ». En fait, celui-ci s’apparenta à un conservatisme qui ne dit pas son nom où les écarts avec le dogme soviétique ne furent pas tolérés. Prague en 1968 ou les dissidents en firent ainsi les frais. Mais l’inadaptation de ce conservatisme avec le monde de la deuxième partie du 20e siècle accéléra la chute du régime soviétique. Déclin économique irrattrapable, décisions géopolitiques hasardeuses comme en Afghanistan, Brejnev restera bien dans l’histoire comme le fossoyeur de l’URSS. Et le ciment du mythe de la grande guerre patriotique dont il usa ne parvint pas à éviter l’effondrement du système.
Le lecteur assiste ainsi en même temps aux dérives à la fois d’un système et de l’esprit d’un homme. En s’appuyant sur les carnets personnels de Brejnev dont il démêle en historien averti le vrai du faux, la réalité du mythe et en croisant d’autres sources inédites et passionnantes – comme celles de la répression de l’insurrection de Budapest en 1956 – Andreï Kozovoï nous montre combien Brejnev personnifia l’enfermement d’un système qui finit par pourrir de l’intérieur.
Par Laurent Pfaadt
Andreï Kozovoï, Brejnev, l’antihéros Aux éditions Perrin, 400 p.