Le pays du passé

L’International Booker Prize 2023 revient à l’écrivain bulgare Gueorgui Gospodinov

Time shelter (Le pays du passé en français) de l’auteur bulgare Gueorgui Gospodinov remporte l’International Booker Prize 2023. Il devient ainsi le premier livre écrit en bulgare à être sacré par le prestigieux prix qui, par le passé, a honoré d’autres écrivains venus de l’Est de l’Europe comme Ismaël Kadaré (2006), Laszlo Krasznahorkai en 2010 et la prix Nobel Olga Tokarczuk (2018) et récompense depuis 2006 un livre étranger traduit en anglais. L’International Booker Prize est également l’occasion de souligner le travail si précieux des traducteurs, ici en l’occurrence celui d’Angela Rodel. Le jury présidé cette année par la romancière Leïla Slimani a vu dans Le pays du passé, un « roman brillant, plein d’ironie et de mélancolie ».


Gueorgui Gospodinov
© AFP

Le très beau roman du bulgare Gueorgui Gospodinov sorti il y a près de dix-mois en France (Gallimard) entraîne ainsi son lecteur dans une clinique un peu spéciale dirigée par un certain docteur Gaustine. Celle-ci permet à ses patients atteints d’Alzheimer pour la plupart de replonger dans leur passé grâce au décor de chambres inspirées d’une époque favorite de leur vie. Mais la tentation de se replonger dans ses souvenirs peut s’avérer dangereuse surtout quand cette méthode vient à être utilisée par des Etats pour revenir à un passé plus ou moins glorieux. Dans ce livre inclassable à la frontière entre le réel et l’imaginaire, l’auteur, disciple revendiqué du grand Borges, nous propose une réflexion à la fois drôle et glaçante sur la mémoire, le passé et l’utilisation que nous en faisons. Ce roman paru avant la guerre en Ukraine a ainsi pris une nouvelle actualité avec celle-ci. De quoi lui redonner une seconde vie dans les librairies.

Par Laurent Pfaadt

Gueorgui Gospodinov, Le pays du passé, traduit du bulgare par Marie Vrinat-Nikolov
Coll. du monde entier Gallimard, 352 p.