Nous sommes entre 1938 et 1940. Le moment de Munich. La signature du pacte d’acier entre le Troisième Reich et l’Italie fasciste, prélude à la seconde guerre mondiale. Puis l’invasion de la Pologne. Mussolini est là, au côté d’Hitler, partageant son triomphe.
Les derniers jours de l’Europe, voilà le cadre et le titre du troisième tome de cette incroyable saga historique et éditoriale traduite dans une vingtaine de langues, couronnée de prix à travers l’Europe et plébiscitée par un public toujours plus nombreux. La couverture emprunte ses couleurs au drapeau nazi, le M de Mussolini remplaçant le svastika. Et pour cause, 1938 constitue véritablement ce tournant où Benito Mussolini, subjugué par le Führer, est devenu son compagnon infernal, son supplétif. Terminé le temps où il mobilisait son armée sur le col du Brenner ou rejoignait le front de Stresa face au danger allemand avec un Laval qui lui aussi basculera bientôt dans l’infamie. « Il ne reste plus qu’à souhaiter que les dieux de la paix et de la guerre, particulièrement sensibles à l’outrageuse stupidité des hommes, aient le temps d’un instant, détourné la tête » écrit ainsi Antonio Scurati.
Empruntant la même trame narrative qui a fait le succès des épisodes précédents, Les derniers jours de l’Europe agrège journaux intimes, comptes-rendus de réunions et passages romanesques pour nous dépeindre ces deux années irréversibles. Nous sommes avec le Duce dans le train qui le conduit à Munich, dans son palais du Quirinal. Dans une langue qui transcende véritablement le récit et se hausse à la hauteur tantôt pathétique tantôt épique du moment choisi comme dans ce moment tragi-comique lors de l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht où Scurati écrit que « l’affrontement avec le siècle est renvoyé à plus tard, remplacé provisoirement par un euphémisme », cette suite est une nouvelle réussite.
10 juin 1940. « C’est l’heure que choisit Monsieur Mussolini pour nous déclarer la guerre (…). Le monde qui nous regarde jugera » écrit Paul Reynaud, président du conseil, à la fin du livre. On connait la suite. On attend la suite.
Par Laurent Pfaadt
Antonio Scurati, M. Les derniers jours de l’Europe, traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Les Arènes, 461 p.