Un Français au Valhalla

Sébastien Loeb fut l’un des rares pilotes à tenir tête à l’armada finlandaise 

On raconte dans son village natal, près d’Haguenau en Alsace, que tout le monde savait quand Sébastien Loeb était de retour chez lui lorsque rugissait dans les rues d’ordinaire calmes de la paisible bourgade, le vrombissement de son moteur. A l’époque, il n’était pas encore le nonuple champion du monde WRC des rallyes mais un jeune pilote fougueux rêvant de se couvrir de gloire sur les routes et les pistes du monde entier, du bitume escarpé de Monte-Carlo aux sables du Dakar en passant par les forêts de Finlande.


Sébastien Loeb au rallye de Monte-Carlo en 2022
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En début du mois d’août justement, nombreux furent les fans finlandais à braver les moustiques pour assister à « leur » rallye, l’un des plus difficiles du circuit avec ses sauts, ses passages montagneux à grande vitesse et pour acclamer leurs guerriers automobiles. D’ailleurs, nombreux ont été ces vikings de la vitesse à avoir effectué des raids sur les plus grandes courses automobiles du monde jusqu’à glaner avec Mika Hakkinen, Ari Vatanen, Marcus Gronholm ou Kimi Raïkkonen, quelques titres mondiaux.

La Finlande a toujours été une terre de pilotes de course notamment en rallye et en F1. Il constitue d’ailleurs l’un des pays les plus les plus titrés de ces vingt-cinq dernières années en F1, plus que ses voisins scandinaves, que la France où l’Italie, terres de Renault et Ferrari en F1. En rallye, seuls deux Français, Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ont été en mesure de contester leur hégémonie au prix de dépassements à la limite de l’accident.

Champion du monde le plus titré du sport automobile avec neuf titres – même le baron rouge Michael Schumacher dut s’arrêter à sept – Sébastien Loeb doit être comparé à Rafael Nadal et ses dix titres à Roland-Garros ou à Lionel Messi c’est-à-dire à une légende du sport. Une légende qui a donné, de son vivant, son nom à des bâtiments publics, à une rue dans une ville de la Drome et qui possède son attraction dédiée au Futuroscope. Une légende qu’il a forgé notamment durant ce rallye de Finlande en 2008. « Il est des succès qui ont l’âcre goût de la douleur et de la peur. Celui acquis en Finlande à l’été 2008, sur la terre des spécialistes nordiques reste unique en son genre (…) Car pour battre les Finlandais sur leurs terres, il a fallu se lâcher complètement et surtout accepter de prendre de gros risques » écrit ainsi Sébastien Loeb dans ses mémoires.

Pas étonnant donc qu’il suscita bande-dessinées à sa gloire.  Celle, très belle, d’Alain Gillot et Renaud Garreta, revient non pas sur ce rallye de Finlande qu’il remporta pour neuf secondes face à Mikko Hirvonen mais sur celui de Monte-Carlo qu’il décrocha, à la surprise générale, à 47 ans, en 2022 signant sa 80e victoire ! L’occasion pour les auteurs d’effectuer de judicieux aller-retours avec sa jeunesse, le garage de Den’s à Oberhoffen/Moder, son village natal, ou son service militaire pour décrire cet intrépide champion en devenir où sommeillait déjà cette rage de vaincre qu’il libéra lors des innombrables rallyes qu’il disputa.

En 2011, bataillant jusqu’au au bout face à ce même Hirvonen, Sébastien Loeb remporta le 500e rallye du Mondial, s’ouvrant la voie vers un huitième titre au cours d’une saison particulièrement serrée. Un nouveau succès, l’année suivante, en 2012 allait lui valoir le surnom de « Loebinen ». De quoi, entrer vivant, dans le Valhalla des pilotes.

Par Laurent Pfaadt

A lire :

Sébastien Loeb, Ma ligne de conduite, Michel Lafon, 329 p. 2013

Alain Gillot, Renaud Garreta, Sébastien Loeb, Pour la légende, Casa editions, 80 p.