Archives de catégorie : Scène

De nos voix viendra la lumière

La 11e édition de la Fiesta des Suds réunissait notamment MC Solaar, Fatoumata Diawara et Angélique Kidjo

Face à la mer se dresse le Mucem, le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Comme un bateau transportant hommes et cultures depuis la nuit des temps sur cette mer qui lui sert de berceau. Des bateaux culturels poussés par les alizés sonores des artistes invités à la 11e édition de la Fiesta des Suds, cet important festival des musiques du monde accueillant ce sud lointain et finalement si proche.


Des alizés portés par les vents furieux de la guerre que nos artistes ont tenté de calmer par des paroles apaisantes comme celles d’Ayo, la chanteuse nigériane bien connue du public français qui a ouvert cette 11e édition ou le Ya Sidi d’Orange Blossom, ce magnifique cri déchirant le crépuscule marseillais et arrachant au public plaintes et ovations. Le groupe nantais, alternant moments d’émotion et exaltations électro-rocks avait à cœur de présenter sa nouvelle chanteuse, Maria Hassan, réfugiée syrienne qui, de sa voix de pythie tirée des flots de la mer et enveloppée dans son charme vespéral, a très vite ensorcelé le public.

Car il était dit que même le mistral ne pourrait s’opposer à ces alizés musicaux et qui sèmerait le vent récolterait, selon le capitaine MC Solaar, tête d’affiche de cette onzième édition, le tempo bien évidemment. Dans son navire, l’amiral du rap français avait convoqué anciennes et nouvelles générations dans un même élan en dispensant titres de son dernier album et tubes d’antan comme autant d’exploits racontés par ce marin d’exception qui n’a rien perdu de sa verve.

Fatoumata Diawara
© Laurent Pfaadt

Le meilleur était à venir avec l’arrivée d’un cyclone déferlant depuis le Mali. Le concert de Fatoumata Diawara constitua réellement le point d’orgue du festival. Et il était dit qu’une princesse masquée viendrait, telle une magicienne, enchanter la cité phocéenne. L’artiste malienne a ainsi revêtu tour à tour les masques musicaux de l’afro-beat puis du blues malien usant de sa guitare comme d’un sceptre et effectuant danses et transes qui ont fait de ce concert un moment d’anthologie où résonnèrent notamment les titres de son dernier album, London KO, sorti en mai dernier. Artiste engagée en faveur des migrants ou contre l’excision avec des titres comme Nferini et Sowa et appelant son public à « oublier les frontières car nous sommes tous des êtres humains et avons tous les mêmes droits », Fatoumata Diawara a également rendu hommage à ses anciens partenaires musicaux, Damon Albarn et surtout M.

Angelique Kidjo
© Laurent Pfaadt

Restait à Angélique Kidjo, la reine des reines musicales africaines, à conclure cette édition. Entre hommages à Celia Cruz tirés de son album Celia (2019) et à Miriam Makeba, celle qui est ambassadrice internationale de l’UNICEF a délivré un message humaniste en faveur de la liberté et de l’éducation chantant notamment Agolo avec les enfants de la cité des Minots, programme d’éducation artistique et culturelle mené chaque année avec 750 écoliers au sein d’écoles élémentaires REP – REP+. Toujours aussi généreuse avec son public, elle lui a offert son dernier single, Joy – joie en anglais – qui demeure avant tout pour elle « un état d’esprit » qu’elle a propagé telle une brise.

Portée par cette dernière, un papillon s’est alors mis à voler sur scène. « De nos mains viendra la lumière » écrivit Homère sur les murs du Mucem comme pour attraper, dans cet effet papillon provoqué par le festival, celles de ces minots qui construiront, à n’en point douter, les bateaux culturels de demain.

Par Laurent Pfaadt

Beretta 68

Un court avertissement avant le début du spectacle nous met en garde contre une violence qui pourrait s’exprimer au cours de cette prestation, occasionner un malaise nous poussant à quitter la salle, les sorties nous étant indiquées ! Oh ! là là ! il va falloir être attentifs !


© Jean-Louis Fernandez

Et d’un coup, elles déboulent comme des furies, se précipitant, se bousculant, elles, ce sont les huit comédiennes, anciennes élèves du groupe 47 de l’Ecole du TNS, toutes formations confondues, Loïs Beauseigneur, Léa Bonhomme, Jeanne Daniel-Nguyen, Jade Emmanuel, Valentine Lê, Charlotte Moussié, Manon Poirier, Manon Xardel qui ont formé le Collectif FASP, (filles à son papa) et qui ont co-écrit et mis en scène ce spectacle, issu d’une carte blanche que l’école leur avait proposé en 3 ème année. Les voilà, aujourd’hui bien décidées à nous en remontrer quant à la condition masculine qu’elles ont manifestement placée dans leur collimateur. Il va s’agir à l’évidence d’un spectacle féministe car « ras -le -bol » de la suprématie des hommes et du patriarcat qui écrase les femmes depuis toujours et partout. Alors, leur tirer dessus, pourquoi pas ? Le titre de la pièce devient à ce propos fort suggestif et pertinent (le Beretta étant un célèbre pistolet semi-automatique). Légitimer la violence des femmes, une hypothèse qui pourrait faire consensus.

Mais voyons la manière de nous en convaincre.

Jouer un groupe de femmes qui se réunissent dans une laverie désaffectée pour élaborer, discuter de comment agir contre la prééminence des hommes. Toutes ne seront pas du même avis concernant l’usage de la violence mais d’abord pour nourrir leurs réflexions, pourquoi pas choisir au préalable une référence incontournable, le SCUM Manifesto, manifeste  de l’américaine Valérie Solanas , écrit en 1967,avant son coup d’éclat, en 1968, tirer sur le célèbre artiste Andy Warhol, ce qui lui valut de gros ennuis avec la justice.

Le spectacle nous embarque dans cette rétrospective pour faire vivre cette femme, icône des féministes les plus radicales en confiant ce rôle à la comédienne Jade Emmanuel qui clame haut et fort les extraits du Manifesto et avec une conviction inébranlable porte ce personnage, nous la montrant toujours en action, mettant les autres en demeure de reconnaitre sa valeur d’écrivaine et la justesse de ses engagements, sa capacité à se passer d’avocat et à vouloir se défendre elle-même quitte à passer pour folle.

On retrouve le groupe des activistes dans leur laverie où se manifeste leur désir d’agir sans parvenir à l’unanimité, l’une raconte tout en préparant des sandwiches comment sa mère lui a inculqué les principes à respecter pour devenir une femme parfaite, d’autres préparent  des cocktails Molotov en remplissant des petites canettes de bière avec de l’alcool à brûler, on les voit enfiler de grands manteaux sombres  ou accrocher une reproduction du tableau  d’Artemisia Gentileschi montrant Judith décapitant Holopherne, autant de petites actions qui soulignent leurs intentions d’affirmer qu’elles sont prêtes à se manifester sans exclure violence et désobéissance civile.

La violence légitime est aussi évoquée par le rappel de l’acte de Jacqueline Sauvage qui a tué son mari qui la persécutait, « a-t-elle eu tort ? » posent-elles comme question, pour d’autres, qui ont agi ainsi, même leitmotiv : « a-t-elle eu tort ? »

Porté avec conviction par de jeunes comédiennes pleines d’énergie et très habiles dans leurs prestations, ce spectacle interpelle d’autant que le sujet est des plus actuels, vu le procès en cours des violeurs en série, sans oublier bien d’autres forfaits commis par la gent masculine.

Un « Scum » bien vu, bien pensé, bien mené.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 8 octobre  au TNS  salle Gignoux  jusqu’au 18 octobre

White Dog

Créer avec des feuilles de papier et trois bouts de ficelle, ça ressemble à l’univers qu’un enfant pourrait inventer, il y a de cela dans la scénographie signée Brice Berthoud de la Cie « Les Anges au plafond », CDN de Normandie, sise à Rouen mais  le monde dans lequel il va mener  cette histoire de chien blanc est plus imaginatif, plus astucieusement élaboré et ce pour nous conduire à aborder le problème crucial et récurrent du racisme. (Dramaturgie  Saskia Berthoud). C’est à partir de l’ouvrage quasiment autobiographique de Romain Gary « Chien blanc » que ce spectacle a été conçu retraçant un épisode de sa vie lorsqu’il vivait à Beverly Hills, dans les années 60, avec son épouse, l’actrice Jean Seberg, alors très engagée dans le mouvement pour l’égalité des droits civiques entre les populations noires et blanches et contre l’apartheid qui sévit aux Etats-Unis.


© Vincent Muteau

Un jour, un chien perdu se présente devant chez eux. Se pose la question de son adoption. Jean est pour, Romain, hésite mais finalement il accepte de le garder et lui donne le nom de Batka ce qui veut dire « Petit Père » en russe (Romain Gary est né à Vilnius en 1914). C’est un berger allemand très pacifique et affectueux au premier abord mais qui devient très agressif en présence d’une personne noire. Car on l’a dressé pour cela. Le « déprogrammer » en quelque sorte se révèle complexe et peu probant.

Une histoire que le spectacle porte avec une intensité, une vie, un humour une sensibilité qui le rendent particulièrement touchant dans la mise en scène de Camille Trouvé .

Il est vrai que les personnages, Romain Gary, Jean Seberg, un ami, Keys, représentés par de grandes marionnettes (création, Camille Trouvé, Amélie Madeline, Emmanuelle Lhermie) et les comédiens, qui les incarnent Brice Bertoud et Tadié Tuéné et  les manipulent directement sous nos yeux, les font agir et parler, donnent vie à leurs gestes et leurs propos les rendant par cette double présence plus attachants encore.

Et puis la grande marionnette du chien en papier est impressionnante, manipulée habilement par Brice Berthoud, elle passe de la douceur en sa présence aux crises de fureur, à la rage, oreilles dressées, gueule ouverte sur des crocs menaçants dès qu’une personne noire s’approche de son champ de vision. Elle occupe le plus souvent le centre du plateau tournant, par moments entouré de poteaux et de cordes, sorte de ring placé sous un éclairage cru (Nicolas Lamatière ) qui accentue ses moindres changements d’humeur et nous le montrera  successivement agressif aves les Noirs et le devenant avec les Blancs après sa  laborieuse et contestable rééducation.

Une scénographie qui ne laisse rien au hasard, est mise entièrement au service de ce propos destiné à dénoncer à travers cette dramatique histoire de chien l’extrême difficulté » à se défaire des préjugés acquis, mais corrélativement la puissance de la manipulation. C’est ainsi que des humains apparaissent en ombres chinoises sur ces grands panneaux de papier blancs qu’on déchire, roule en boule, jette à tout venant pour témoigner de la fragilité humaine, de sa versatilité, que défilent sur les bords de la tournette de petits personnages, des figurines en papier nous représentant tous.

La mise en scène est soutenue de bout en bout par le formidable accompagnement de la batterie d’Arnaud Biscay qui n’hésite pas à se mêler au jeu d’acteur quand l’appel du plateau se fait sentir. Musique de jazz et chant donnent force et authenticité à cette prestation contre la haine raciale, un sujet politique toujours d’une brûlante actualité qui, fort heureusement, a eu un vif succès auprès du public, en particulier jeune.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Au CDN  TJP représentation du 4 octobre

Lacrima

La théâtralisation d’un atelier de haute couture est en quelque sorte une aventure car il est   loin d’être un lieu coutumier pour une telle entreprise. C’est pourtant là que Caroline Guiela N’guyen a décidé de nous entraîner pour nous conter la fabuleuse confection de la robe de mariée de la princesse anglaise dont il nous restera à trouver quelle elle est en fait. Mais là n’est pas la question.


© Jean-Louis Fernandez

 Cette plongée dans la vie d’un atelier en pleine et constante effervescence constitue l’intérêt principal de cette création.

Quand le rideau s’ouvre nous sommes immédiatement au cœur de l’action, comme le prouvent les éléments du décor, sous une lumière blanche, apparaissent les tables de travail, les mannequins  qui portent déjà de magnifiques robes, celle de la mariée, blanche, brillante  extrêmement élégante et une rose tout aussi magnifique.

Et aussi le drame tout de suite, la première d’atelier épuisée, dépassée a avalé des cachets et meurt, malgré l’intervention des secours. 

Comment en est-on arrivé là ?

Le récit sera l’objet de cette représentation qui va montrer le cheminement complexe qui mène de la joie extrême à la négation de soi.

Tout commence en effet par cette annonce venue de Londres, c’est la maison de couture Beliana à Paris qui a été choisie pour exécuter la robe de mariage de la princesse.  Marion, la première d’atelier  (magnifique interprétation de Maud Le Grevellec) et toute son équipe se sentent honorées par ce choix, mais comprennent vite la responsabilité qu’elle leur fait endosser en entendant les exigences prononcées avec autorité et sans ménagement par le responsable de la cour en charge de faire exécuter au mieux et dans des délais relativement courts cette extraordinaire commande et ce en gardant le secret absolu sur cette réalisation.(Vasanth Selvam ). Marion souscrit à tout et met son monde au travail. On suit l’évolution de cette réalisation, les discussions entre Paris et Londres pour des mises au point nécessaires mais toujours impératives.

On apprend que pour cette robe sublime, le dos devra être brodé et que la longue traine sera  le fameux voile en dentelle d’Alençon, une vraie pièce de musée qui va nécessiter d’être restauré.

Habilement, la metteuse en scène nous propulse grâce à la vidéo auprès des dentellières  qui vont faire l’objet d’une émission  de radio qui leur permet de dire ce qu’est cet art de la dentelle ,la passion qu’elles éprouvent pour ce travail délicat et le perfectionnisme qu’il exige. 

De même, nous suivrons en vidéo dans l’atelier de MumbaÏ en Inde le travail minutieux d’Abdul, le brodeur de perles courbé sur son ouvrage, les yeux au plus près du tissu qu’il tient précautionneusement (Charles Vinoth lrudhayaraj).

C’est ainsi que la pièce met en valeur le travail professionnel, le savoir-faire de ceux qui restent souvent dans l’ombre et méritent toute notre admiration quand leurs travaux nous sont révélés.

A la manière des séries que nous suivons à la télévision, nous devenons témoins de l’évolution  de cette mise en chantier de la confection de la robe, de la fatigue, de l’angoisse qu’elle suscite  chez la directrice de l’atelier soumise à une pression constante et des tensions que cela  déclenche, scènes de ménage entre Marion et Julien (Dan Artus) son mari  devenant jaloux, soupçonneux et violent, arrivées impromptues de la fille frustrée de ne plus voir sa mère toujours occupée ,indisponible, des moments de pur réalisme qui ponctuent cette représentation. Et pour rester dans le réalisme on aborde  les problèmes de santé  liés à des travaux délicats, difficiles  qui épuisent la vue des dentellières comme celle du brodeur et visites médicales  à l’appui on met en évidence que  ceux qui s’adonnent sans compter à réaliser  de superbes objets peuvent se mettre en danger sans que les commanditaires en aient la moindre connaissance.

La dernière scène qui reprend la première en est la criante illustration, nous montrant comment la conscience professionnelle  mise à mal par un incident technique pousse Marion au suicide. Ainsi,  aura -t-elle payé de sa vie la splendeur qu’elle aura accepté de créer en dirigeant une équipe expérimentée et laborieuse.

Une véritable leçon de vie portée  par des comédiens à l’engagement indéniable  qu’ils soient professionnels ou amateurs  puisque Caroline Giuela Nguyen se plaît à les diriger ensemble réussissant  ainsi à créer  ce théâtre  qu’elle veut populaire.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 24 septembre au TNS

En salle  jusqu’au 4 octobre

Portraits JO 2.

De l’or pour les braves (2/3)

JO Stockholm 1912 : George Patton (pentathlon)

Il le fut le seul Américain engagé dans cette compétition et ne remporta que la 5e place, la faute à ces maudits scandinaves qui dominaient alors l’épreuve. On raconte qu’il n’obtint pas la victoire parce qu’il utilisa un calibre 38 dont les balles, laissant des trous trop gros dans les cibles, n’ont pu être comptabilisées, à l’inverse de celles des calibres 22 préférées par ses adversaires.

Mais trente années plus tard, c’est avec un autre pistolet que le général Patton partit sabre au clair à l’assaut d’une Europe en passe d’être libérée depuis le débarquement en Normandie. Le fameux 357 Magnum Smith & Wesson avec sa crosse en ivoire était capable non seulement de faire de gros trous mais également d’arracher la cible entière !

Les insoumis (2/3) 

JO Moscou 1980 :Władysław Kosakiewicz (athlétisme)

Il a suffit d’un bras, solide et puissant pour propulser Władysław Kosakiewicz par dessus une barre placée à 5,78 mètres et remporter ce concours du saut à la perche disputé dans cette ambiance moscovite électrique face à l’idole de tout un peuple, Konstantin Volkov.

Mais il était dit qu’on ne conspue pas impunément la fière et revêche Pologne où couvait cet ardent désir de liberté qui allait se manifester quelques semaines plus tard sur les chantiers navals de Gdansk.  Un bras qui se fit d’honneur pour dire qu’à Varsovie un nouveau pacte venait d’être signé : celui d’un pays avec son destin en marche porté par Solidarnosc. Un bras, de Mexico à Moscou, symbolisant la solidarité des peuples opprimés.

Les perdants magnifiques (2/3)

JO Atlanta 1996 : Linford Christie (athlétisme)

Il avait ce calme qui est l’apanage des plus grands champions et qui lui avait permis de glaner l’or olympique à Barcelone. Et voilà que notre Zeus, bien décidé à rester quatre ans de plus sur l’Olympe du sprint, se présentait au départ de la finale du 100m face à des millions d’Americains qui ne pensez pas qu’un Anglais puisse, deux siècles après avoir été vaincu à Yorktown, infliger une nouvelle défaite à leurs héros, Dennis Mitchell et Mike Marsh.

Deux coups de feu retentirent dans la nuit d’Atlanta, ceux d’un starter qu’il devança. Terrassé sans avoir mené bataille, il s’en alla comme il était venu, en champion.

D’or et de sang (2/3)

JO Amsterdam 1928 : équipe des Pays-Bas (gymnastique)

Pour la première fois, les femmes avaient le droit de participer aux épreuves de gymnastique. Et les Néerlandaises étaient si fières de représenter leur pays, ici, chez elles. Et lorsqu’elles remportèrent l’or du concours par équipe, c’est une nation toute entière qui remercia ses filles.

Mais quinze ans plus tard, le Troisième Reich contrôlant le pays se mit à traquer les juifs et notamment la jeune Anne Frank. Ces mêmes femmes, jadis célébrées devinrent des ennemis et  furent déportées puis assassinées dans les camps d’extermination de Sobibor et d’Auschwitz-Birkenau.

Elles s’appelaient Juditke Simons, Anna Polak, Helena Nordheim et Estella Agsteribbe.

Tristes tricheurs (2/3)

JO Séoul 1988 : Ben Johnson (athlétisme)

Un poing levé vers le ciel et 9,79, un chiffre longtemps maudit dans l’athlétisme.

Tricheur voué aux gémonies parce qu’il fut le plus éclatant, le premier d’une cohorte à venir. Parce qu’il fut ce Canadien qui humilia les États-Unis et leur légende Carl Lewis. Et surtout le précurseur d’un sport business, d’un entertainment à venir qui aurait besoin du dopage pour prospérer.

Dans les cours d’école, il est devenu un nom commun, celui de tout exploit jugé surprenant, inhabituel, imprévisible, suspect. Mais surtout Ben Johnson demeure aujourd’hui le côté sombre du sport, celui qui personnifie plus qu’aucun autre ce monde au-delà du sport, celui de l’argent et de l’absence de morale et de règles.

Par Laurent Pfaadt

MAILLON Sept-Déc 2024

Nouvelle formule au Maillon, une programmation semestrielle, la première allant de septembre à fin décembre, cela pour plus de souplesse et permettant de laisser se préciser les besoins et les envies. Une deuxième présentation sera donc nécessaire pour la suite et aura lieu en Janvier 2025.


Le visuel de la brochure nous présente des silhouettes aux contours flous mais vivement colorées, des tableaux qui attirent l’œil et nous intriguent à l’instar de ce que pose Barbara Engelhart, la directrice du Maillon dans son éditorial : « nous pensons que le sens de la culture est d’observer de près les choses sans pour autant les tirer au clair, les attirer vers des évidences trompeuses »

En parcourant le programme de cette première partie qui propose 11 spectacles, dont 1 création et 3 premières françaises « nous  avons quelques repères à soumettre aux futurs spectateurs ».

Compositeur Ted Hearne
Photo Jen Rosenstein

Tout commencera en musique par trois œuvres présentées en première française avec le Festival Musica à savoir : « All right good night » de Helgard Haug du collectif Rimini Protokoll et Barbara Morgenstern, un très beau texte émouvant sur la perte de soi accompagné par les musiciens du Zafraann Ensemble .
Ce même jour un oratorio du compositeur, chanteur et chef d’orchestre américain Ted Hearne « The source » qui évoque la lanceuse d’alerte Chelsea Manning qui révéla les agissements des américains pendant les conflits d’Irak et d’Afghanistan. Une approche musicale accompagnée de projections sur écrans géants.

Nous retrouvons Antoine Defoort, régulièrement invité au Maillon, avec son humour et son côté farfelu dans « Sauvez vos projets (et peut-être le monde) avec la méthode itérative », une sorte de spectacle-conférence à la manière de sa performance sur le droit d’auteur, particulièrement jouissive.

Photo © Nathalie Béasse

Retrouvailles aussi avec Nathalie Béasse accueillie plusieurs fois ici qui commence une résidence en vue de présenter « Velvet » qui fera, comme à son habitude, la part belle à l’imaginaire en puisant dans des livres sur la peinture et la photographie et sur ce matériau qu’est le velours, d’où le titre. 

Rretrouvailles aussi avec Miet Warlop pour un concert dansé, une performance réjouissante et pleine d’humour intitulé « One Song » créé en 2023 au Festival d’Avignon

Du 21 nov. au 1er déc. PAYSAGE 4 sera consacré à Milo Rau, le nouveau directeur des Wiener Festwochen, créateur de la
« République libre de Vienne » un metteur en scène et réalisateur qui travaille à partir de réalités sociales et politiques et affirme que
« représenter la violence est un acte politique » Il nous proposera deux spectacles engagés à partir de deux mythes antiques qu’il réactualise et repolitise : « Antigone in Amazon » qui évoque le combat, la résistance, l’assassinat des « Sans terre » au Brésil Medea’s children qui croise l’histoire de Médée à partir d’un fait divers dramatique qui eut lieu en Belgique en 2007 avec l’assassinat de ses quatre enfants par leur mère.

Trois spectacles sont à voir en famille : « Bells and spells » de Victoria Thierrée Chaplin qui met en scène toutes sortes d’objets, et allie fantaisie, magie et humour.
« Hulul » dans lequel le metteur en scène Aurélien Patouillard s’inspirant  d’un ouvrage pour enfants d’Arnold Lobel  construit un spectacle où la comédienne Marion Duval  devient un personnage loufoque,  plein d’énergie qui pose d’étonnantes questions .

En clôture de cette demi-saison, mi-décembre, juste avant Noël
« Reclaim » de Patrick Masset se situe entre théâtre musique et cirque. A partir d’un rituel d’Asie centrale il crée pour cinq circassien-nes, deux violoncellistes et une chanteuse lyrique un magnifique spectacle qualifié de meilleur spectacle de cirque 2022-2023.

Une programmation attractive qui laisse présumer le meilleur pour la suite.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Saison 24/25 du TNS

Un public nombreux est venu assister à la présentation de la future saison du TNS. C’est dire l’intérêt constant et grandissant qu’on porte à cette institution et aux propositions qu’elle nous offre.


© Manuel Braun

Sa directrice, Caroline Guiela Nguyen souhaite élargir encore cette participation nous invitant à faire connaître les bienfaits du théâtre à nos amis et connaissances qui n’auraient plus l’opportunité de s’y rendre ou qui ne l’ont jamais connu. La question brûlante étant « Quand serons-nous enfin réuni-es ? » A l’évidence pour elle comme pour nous, il est dommageable de ne pas connaître cet extraordinaire moyen de réflexion et de partage d’émotion qu’est le théâtre. Le cœur qui figure sur le nouveau logo du TNS en constitue le symbole. Un cœur que font battre   selon ses dires, le public, les équipes du TNS, son école supérieure d’art dramatique et tous les artistes qui interviennent pour nous apporter ce que leur créativité, leur talent réussissent à imaginer et à produire pour notre plus grand plaisir.

Au cours de cette saison qui débutera par le spectacle « Lacrima » de Caroline Gueila Nguyen dont nous avons pu voir l’avant-première au printemps dernier avant son arrivée au Festival d’Avignon des spectacles de différents genres nous attendent. Quelques-uns mettant en valeur des histoires de femmes comme « Beretta 68 » du Collectif FASP qui s’appuie sur la lecture du fameux « Scum  Manifesto » de Valerie Solanas qui dénonce la société patriarcale et revendique le droit des femmes à la violence, comme « Les Inconditionnelles » de Kae Tempest et Dorothée Munyaneza mettant en valeur l’amitié, l’amour entre deux femmes qui se sont rencontrées en prison et qui affirment leur liberté  en dépassant les  interdits.  

Autres spectacles dont la femme est le centre, ceux de l’autrice et performeuse Laurène Marx « Pour un temps sois peu » et « Je vis dans une maison qui n’existe pas » des textes qui de façon intransigeante et poétique interrogent le genre et la normalité.

Il y a aussi « Cécile » dans lequel Cécile Laporte dans une mise en scène de Marion Duval joue son propre rôle en nous faisant   connaître de façon jouissive les multiples aventures qu’elle a vécues.

Interroge encore le genre, le corps, les tabous « Le rendez-vous » d’après le roman de Katharina Volckmer interprété  avec une formidable énergie et pas mal d’humour par Camille Cottin dans la mise en scène de Jonathan Capdevielle. 

Spectacle où domine la musique, ce sera « La symphonie tombée du ciel » monté par Samuel Achache» et ses acolytes qui avaient présenté »Sans tambour » la saison dernière, partant d’une enquête de ce qui a pu faire « miracle » dans la vie de certains d’entre nous, ils ont conçu  cette œuvre musicale interprétée par un orchestre de 17 musiciens de jazz.

Où domine le mélange, théâtre, musique, danse, ce sera « Los dias afuera » de Lola Arias qui est allée à la rencontre de personnes qui, après avoir été emprisonnées dans un établissement pénitentiaire à Buenos Aires retrouvent la liberté, une activité et jouent ici leur propre rôle dans cette comédie musicale.

Où domine l’engagement, c’est »And here I am”  avec l’acteur palestinien Ahmed Tobasi, directeur artistique du théâtre du camp de Jénine en Cisjordanie qui, à travers  le texte écrit par Hassan Abdulrazzak exprime  la lutte de la jeunesse palestinienne pour obtenir justice et liberté pour son peuple.

C’est aussi »Rectum crocodile » de Marvin M’toumo, avec des performeuses qui dénoncent  l’esclavagisme, la masculinité blanche et le colonialisme.

De ce même metteur en scène avec le groupe 48 dont ce sera leur spectacle d’entrée dans la vie professionnelle « Les Indésirables » (titre provisoire) qui dira haut et fort combien il faut prendre en considération tous les rejetés, marginaux, mal-aimés dans nos sociétés policées.

Deux spectacles sont des adaptations d’œuvres qu’on peut qualifier de « classiques », « Don Juan « mis en scène par David Bobée verra se mêler au texte de Molière les problèmes qui agitent notre société.

« Marius » mis en scène par Joël Pommerat est une adaptation de la pièce de Pagnol pour une interprétation montée avec des détenus de la Maison centrale d’Arles.

A noter un spectacle pluridisciplinaire d’Alice Laloy « Le ring de Katharsy » avec chanteurs, acrobates, et danseurs et celui signé Eric Feldman et Olivier Veillon « On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie », un stand-up dans lequel « on explore avec humour et gravité les traumatismes des enfants cachés survivants de la Shoah ».

Entre autres nouveautés  de cette saison :
Le festival « Les  GALAS du TNS »permettra de programmer en fin de saison des spectacles où  comédiens et amateurs se retrouveront  comme dans la mise en scène de « La Vérité «   la nouvelle création de Caroline  Guiela Nguyen,  de « Je suis venu te chercher«  écrit, mis en scène de Claire Lasne Darcueil qui parlent  tous deux d’enfants et « Marius », déjà cité .

Le « Tns club »  qui,  offrira une place  aux artistes qui font le »stand-up » aujourd’hui, ils seront présents en mai pour exprimer « le comique et la joie de la transgression »

La création d’un « Centre des récits », une banque d’archives constituée d’histoires souvent laissées pour compte et dans lesquelles les artistes pourront puiser pour alimenter leurs créations .

Le TNS fourmille  de propositions et pour être au fait de toutes  le mieux est de consulter la brochure de présentation, un très beau livret magnifiquement  illustré par les photos de Slina Syan qui  a  fait poser  diverses communautés de Strasbourg  en habits de fête .

Enfin gardons à l’esprit ce que souhaite Caroline Giuela Nguyen que  « le TNS soit un lieu de rencontre permanente dans un esprit de partage et d’ouverture ».

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Alexander Vantournhout

Nous l’avons déjà vu au Maillon où il nous a étonné par sa créativité et ses capacités à se mouvoir dans l’espace, faisant de son corps une super machine, inépuisable, semble-t-il à inventer d’improbables postures.


© Bart Grietens

Le Maillon lui a offert l’opportunité d’animer ce lieu pendant 10 jours et le public fidèle et curieux n’a pas hésité à profiter de ses nombreuses propositions, en commençant par l’évaluation des ses propres  mesures et capacités dans le petit  « cabinet médical » aménagé à cet effet dans le hall.

Personnellement nous avons pu assister à deux de ses prestations, dont la première intitulée « Through the Grapevine » était une remarquable performance où il explorait un duo avec son acolyte Axel Guérin, jouant à mettre en évidence leurs différences de mensurations et à  les exploiter à travers  des approches, des corps à corps éblouissants de beauté , de prestance et de virtuosité, de drôleries parfois quand bras et jambes entremêlés se font image d’un être protéiforme ou d’un animal imaginaire.

C’est le corps qui parle car ici nous assistons à un spectacle sans parole mais ô combien parlant puisqu’il dit le corps dans toutes son expressivité, et dévoile sa capacité à la maitrise, à la sensibilité, à la nécessaire complicité  dans la rencontre avec l’autre pour atteindre  cette virtuosité dans des prestations audacieuses, singulières, émouvantes.

Dans le spectacle « Foreshadow » il propose aux sept danseurs- circassiens qui l’accompagnent de se confronter à un mur de six mètres de haut  pour en faire leur partenaire de jeu. Ils vont aller s’y cogner avant de rebondir sur le plateau et d’entreprendre une chorégraphie originale dans laquelle ils se tiennent par la main, se détachent, se repoussent, s’enlacent, opèrent une chaîne. Toujours dans un rythme de mouvement perpétuel, fluide, rapide que soutient la musique rock. Quand ils se retrouvent au pied du mur c’est pour de livrer à des acrobaties où les corps se superposent, les uns devenant  le support de l’autre  opérant des jeux d’équilibre, s’agrippant au mur pour l’escalader à l’aide ce l’un ou de l’autre prêt à le soutenir dans ses tentatives. Leurs prestations sont remarquables dans leur façon de défier la gravité avec ténacité et avec ce sens d’une complicité indéfectible qu’ils manifestent entre eux et qui permet la réussite de ces étonnantes figures acrobatiques.

Marie-Françoise Grislin

Représentations des 30 mai et 7 juin au MAILLON

Time is out of joint

Groupe 48 de L’Ecole du TNS

En ces temps bouleversés, l’engagement, la détermination des jeunes acteurs nous a bouleversés, galvanisés,  redonné confiance dans cette jeunesse qu’on dit parfois et même trop souvent
« dépolitisés ». Il n’en est rien et ils en donnent la preuve d’une manière éclatante.


© Jean-Louis Fernandez

En partant du personnage d’Hamlet, ce célèbre héros du non moins célèbre Shakespeare ils nous ont entraînés par des chemins bien balisés marqués par leur connaissance de la pièce et d’une façon plus générale de l’histoire à une réflexion approfondie sur ce qu’est le temps de la vie, et sur ce temps immémorial qui est celui de l’humanité, sur le fait que  nous sommes les héritiers de tous ceux qui l’ont constituée. Impossible donc d’échapper à ce qu’on leur doit, eux qui, comme des spectres nous habitent, à qui nous sommes redevables de ce que nous sommes aujourd’hui et de ce que nous deviendrons demain.

Les prises de parole sont nombreuses pour nous faire prendre conscience de tout cela, on les entend de la bouche des principaux personnages de la pièce, Claudius, Hamlet, Gertrude, Ophélie entre autres et Horacio, le survivant, porteur de la mémoire et de la clarification. Difficile d’y échapper tant chacun les prononce avec force et parfois violence, les soulignant par une gestuelle qui les propulse jusqu’à nous  sans ménagement.

Un spectacle qui n’hésite à être didactique, comme le soulignent l’apport de la vidéo pour montrer en gros plan les visages de ces protagonistes d’une terrible et exemplaire histoire, les projections de nombreuses inscriptions porteuses de réflexions à enregistrer et méditer, le déploiement de  bannières  aux notables formules  engagées. Sans oublier  le texte de Maria Sandoval distribué à tous  pour éclairer les références qui parsèment le spectacle .

C’est un spectacle généreux qui ne nous laisse pas au bord du trottoir tant il nous interpelle, s’inscrit en nous, nous redonne de l’assurance, nous convint de faire équipe, comme ils le font, pour lutter.

Mise en scène de Sarah Cohen

De et avec :

Miléna  Arvois, Judy Mamadou Diallo, Thomas Lelo, Steve Mégé, Gwendal Normand, Maria Sandoval, Ambre Shimiziu.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 24 juin au TNS

Le chant du père

La jeune comédienne d’origine turque Hatice Ozer nous a offert   deux spectacles dans lesquels la musique, la poésie, la sensibilité et la joie de vivre tenaient une large place.


© Arnaud Bertereau

Sur le plateau c’est un endroit de vie simple qui est mis en place, qui rappelle la modestie des lieux  où elle a vécu enfant dans cette cité du Périgord où se retrouvaient de  nombreux émigrés turcs. On y voit une petite table et deux chaises, un instrument de musique suspendu au plafond, une grande bassine pour se laver, une malle en osier d’où Hacine habillée en jeune fille sage avec sa robe de velours noir et ses petites socquettes blanches retire un récipient  rempli d’une terre avec laquelle en l’éparpillant elle dessine les contours de son aire de jeu, symbole d’un pays lointain et de celui qui est maintenant son lieu de vie, le théâtre, ce théâtre dont elle avait très tôt le désir, mais ne s’y sentait pas forcément autorisée en raison de la situation sociale de ses parents qui voulaient qu’elle ait un « vrai métier » puisqu’ils avaient quitté leur pays, en l’occurrence la Turquie, en1986 pour donner à leurs enfants des chances de réussite. Elle s’imposa donc de faire des études d’arts plastiques pour devenir professeur mais n’abandonna pas son désir de devenir actrice. Après le conservatoire de Toulouse, c’est à Strasbourg qu’elle complète sa formation en suivant le cursus « Premier Acte » initié par Stanislas Nordey.

Devenue comédienne elle joue dans plusieurs pièces puis crée sa propre compagnie « La neige la nuit » basée en Dordogne.

Bientôt nous dit-elle un cauchemar lui revient à plusieurs reprises où elle se voit dans l’eau, entourée de noyés et retournant l’un d’eux, elle découvre le visage de son père.

Elle réalise alors que son père, Yavuz Ôzer est, à sa manière, un artiste. Ne fait-on pas appel à lui pour, les fêtes qu’il agrémente par ses contes et ses chants ? il est un « amoureux », un « ashik » comme on dit en Anatolie, le pays d’où il vient.

L’idée lui vient de faire un spectacle avec lui, désir d’un partage à faire, justement partager avec un public que l’on reçoit comme dans un « Khâmmarât », un cabaret où l’on boit et chante.

Et ce soir nous y sommes conviés.

Tout commencera par la cérémonie du thé, le préparer et l’offrir. Quelques spectateurs en seront bénéficiaires mais tous l’apprécient comme ce signe d’hospitalité et de partage.

Lui est arrivé avec simplicité, vêtu d’un jean et d’une chemisette beige et tout en buvant le thé, père et fille évoquent ces histoires qui, au dire du père, sont un mélange de 60/00 de vérité, 30% de mensonge et 10% de mystère.

Bientôt, il va décrocher le saz le luth oriental qui ne doit jamais toucher terre et qui accompagne les chants pleins de mélancolie qui parlent d’amours contrariées, de la beauté des femmes aux, sourcils noirs et aux gros seins. Hatice traduit ces paroles qui, on le sait, touchent, quand ils se réunissent autour de lui, les gens de son pays venus travailler comme lui sans désir d’être là, pour échapper à la misère.

Alors pendant qu’il chante ses mélopées Hatice esquisse des pas de danse tout en plantant sur le plateau des tiges de fleurs jaunes le transformant  en un jardin  paradisiaque comme pour narguer la tristesse du destin et  témoigner de la lumière qu’apportent la poésie, la musique, l’art théâtral dont ensemble ils sont acteurs.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 22 mai au TNS