Archives par mot-clé : Folio

#Lecturesconfinement : Le Pavillon d’or de Yukio Mishima par Corinne Atlan

Le roman le plus connu de Yukio
Mishima, à lire absolument avant ou
après avoir visité Kyoto et contemplé
le reflet doré du Pavillon d’or sur les
eaux de l’étang qui l’entoure. Mieux
vaut éviter un face-à-face trop direct
avec la beauté : celle du Pavillon d’or
va perturber un jeune moine bègue et
physiquement disgracié au point de
l’amener à incendier le célébrissime
monument (qui est à Kyoto ce que la
Tour Eiffel est à Paris). Au long d’un
récit philosophique au style ciselé,
inspiré d’un fait divers réel survenu en 1950, Mishima développe ses thèmes de prédilection : bien et mal,
laideur et beauté, Eros et Thanatos.

Une fine analyse psychologique émaillée de magnifiques
descriptions d’un temple reconstruit en 1954, symbole de la
splendeur menacée de la capitale impériale.

Corinne Atlan a été la traductrice de Haruki Murakami et de
Hitonari Tsuji dont Le Bouddha Blanc a obtenu le Prix Femina
étranger (1999). Également écrivaine, elle a publié plusieurs livres
dont Un automne à Kyoto(Albin Michel, 2018)

Le Pavillon d’or
de Yukio Mishima (Folio)
par Corinne Atlan

#Lecturesconfinement : Les nourritures terrestres d’André Gide par Lise de la Salle

Ce livre me touche particulièrement car, à mon sens,  il représente
une ode à la vie et au vivant. Gide nous entraîne dans un voyage
initiatique, où la quête du désir et l’éveil des sens sont les principaux
thèmes. Un roman qui poursuit la liberté et cherche à s’affranchir du
moralisme et du conformiste de l’époque.
Lise de la Salle est pianiste, se produisant sur les plus grandes scènes du monde. Dernier enregistrement : Bach Unilimited (Naïve)
Les nourritures terrestres d’André Gide (Folio)
par Lise de la Salle

#Lecturesconfinement : Pluie noire de Masuji Ibuse par Corinne Atlan

Au Japon, le début du mois d’août est
marqué par les commémorations des
bombardements nucléaires sur
Hiroshima et Nagasaki en 1945. C’est
peut-être l’occasion de découvrir une
œuvre majeure de l’après-guerre, qui
revient avec précision sur l’explosion
atomique d’Hiroshima et ses
conséquences (Profitez-en aussi pour
voir ou revoir la magistrale adaptation
cinématographique que Shohei
Imamura a tirée de ce roman en 1989).

En fuyant la région le lendemain du bombardement, la jeune Yasuko
et sa famille ignoraient que la « pluie noire » qui tombait ce jour-là
était radioactive… Quelques années plus tard, stigmatisée par ce
passé, elle peine à trouver un mari, en dépit de ses nombreuses
qualités. L’oncle qui l’a recueillie entreprend alors de démontrer que,
n’étant pas à Hiroshima au moment de l’explosion, elle n’a pas été
contaminée par les radiations. Il remonte le fil des évènements en se
basant sur son propre journal et celui de sa nièce. Témoignage
extrêmement documenté, construit à partir de divers points de vue,
et vibrant plaidoyer dénué de tout pathos, Pluie noire est « le »
roman à lire sur la tragédie de Hiroshima et la discrimination dont
furent victimes les survivants de la bombe.

Corinne Atlan a été la traductrice de Haruki Murakami et de
Hitonari Tsuji dont Le Bouddha Blanc a obtenu le Prix Femina
étranger (1999). Egalement écrivaine, elle a publié plusieurs livres
dont Un automne à Kyôto (Albin Michel, 2018)

Pluie noire
de Masuji Ibuse (Folio)
par Corinne Atlan

#Lecturesconfinement : Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf par Edouard Jousselin

Amis lecteurs, le temps est venu de
tuer le veau gras et d’armer les justes.

Pour guérir le confinement de
novembre, celui où le ciel est gris et la
nuit vient tôt, quoi de mieux que la
prose imagée et généreuse de Tristan
Egolf ? Quoi de mieux qu’un plongeon
dans une formidable entreprise
vengeresse ?

Le seigneur des porcheries raconte le
destin de John Kaltenbrunner,
prophète du Midwest, révolté contre
l’Amérique profonde, tout à la fois bigote, inculte et malveillante.
Cet évangile des bas-fonds est le remède idéal à la torpeur
automnale. À cette date, je n’ai pas lu de meilleur premier roman.

« John Kaltenbrunner était systématiquement le meilleur dans ce qu’il
faisait bien, mais pour tout le reste c’était un incapable et un je-m’en-
foutiste doublé d’un maladroit. De l’édification de son exploitation
agricole alors qu’il n’était qu’un enfant à sa brillante orchestration de la
crise quinze ans plus tard, la plus grande réussite de son existence fut
sans doute d’avoir trouvé le moyen de rester en vie toutes ces années. »
Edouard Jousselin est écrivain. Son premier roman, les cormorans est
paru en septembre 2020 aux éditions Rivages

Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf (Folio)
par Edouard Jousselin

 

Livre du mois

Angela Huth,
La vie rêvée de Virginia Fly

A chaque nouveau roman, longue
suite de petits bijoux d’humour et
d’ironie comme autant de perles
assemblées d’un magnifique collier
pourtant prêt à rompre, l’œuvre
d’Angela Huth gagne en consistance.
La preuve avec La vie rêvée de Virginia
Fly
, l’un de ses premiers romans écrit
en 1972 et traduit depuis  peu. Une
jeune institutrice partie pour devenir
une vieille fille, Virginia Fly, n’a qu’une envie : découvrir cet amour qu’elle attend par-dessus tout. Et ce
vœu pieux allait se concrétiser bien au-delà de ses espérances.

Une fois de plus, Angela Huth démontre dans ce roman tout son
talent d’observatrice. Mêlant avec bonheur un humour parfois
loufoque comme ces fantasmes qui assaillent l’héroïne et une
cruauté qui se traduit dans une prose assassine dont on se délecte,
Angela Huth n’oublie pas de nous faire aimer ses personnages. A ce
titre, La vie rêvée de Virginia Fly ne déroge pas à cette tradition. Elle
adore ses personnages même si elle se plaît à les ridiculiser. Alors, à
l’heure du thé, vous rependrez bien un peu de fiel ?

Par Laurent Pfaadt

Chez Folio, 272 p.

Le livre à emmener à la plage

Amos Oz, Judas

1959 Jérusalem. Shmuel, jeune
homme perdu cherchant du travail
tombe sur une annonce quelque peu
singulière : un vieil homme invalide
et érudit, Gershom Wald, recherche
de la compagnie. Il se rend chez le
vieillard et accepte en échange
d’une condition : cinq heures de
conversation. Mais ce que ne sait
pas Shmuel, c’est qu’il vient d’entrer
non pas dans la grande bâtisse de
Wald mais dans un titanesque
procès, celui de toute une nation. La confrontation rhétorique
entre Shmuel et Wald trouvera des moments d’accalmie en la
personne d’Atalia, veuve de 45 ans dont le père fut considéré en
1948 comme le Judas de l’indépendance parce qu’opposé à la
vision de Ben Gourion.

L’auteur d’une Histoire d’amour et de ténèbres (2003), fer de lance
du mouvement la Paix Maintenant, signe peut-être là son roman le
plus politique. Celui-ci plonge dans les non-dits d’une nation et
convoque un certain nombre de spectres : Judas, omniprésent,
l’ami devenu le traître de ce Jésus qui fut l’objet du travail
universitaire de Shmuel et le symbole de l’antisémitisme mais
également les proches disparus de Wald qui sont autant de
métaphores qui renvoient à l’Ancien Testament. A travers cette
exploration de la figure du traître où Amos Oz utilise la théologie
bien entendu mais également l’histoire et les relations humaines,
l’écrivain israélien montre une fois de plus avec brio que le traître
n’est pas toujours celui que l’on croit et que l’aveuglement que l’on
met dans une cause conduit toujours au désastre et d’une certaine
manière… à la trahison.

Par Laurent Pfaadt

Chez Folio, 400 p.

Livre du mois

Saul Bellow,
les Aventures d’Augie March,
Folio

Dans son dernier ouvrage, le
romancier américain Jonathan
Franzen le considérait comme le plus
grand roman américain. Quarante ans
après le prix Nobel de son auteur Saul
Bellow et soixante-trois ans après sa
rédaction, les Aventures d’Augie March
conservent toujours autant leur
magie. Parfaitement restituée par la
nouvelle traduction de Michel
Lederer issue du volume de la collection Quarto, le roman conte les
pérégrinations d’un personnage hors du commun, Augie March.

De Chicago à Paris en passant par le Mexique, le lecteur suit avec
délice, tantôt amusé, tantôt horrifié, cet enfant devenu cet homme
et sa quête toujours recommencée pour trouver sa place dans la
société américaine. Véritable roman d’apprentissage, il éblouit avec
ces scènes merveilleuses dans cette Chicago de la Grande
Dépression qui n’a jamais été aussi bien décrite et déploie une
formidable galerie de personnages tels que Grandma Lausch, cette
voisine qui fait office de grand-mère et qui donnera à Augie ses
premières armes pour affronter la vie. Les aventures d’Augie March
demeure encore aujourd’hui, à n’en point douter, LE grand roman
américain

Laurent Pfaadt