Archives de catégorie : Scène

Espaces d’exil

En cette fin du mois de janvier et débordant sur février Le Maillon a proposé au public d’aller à la rencontre de spectacles dont le thème « l’exil » porte à la réflexion et à la solidarité. , le TJPCDN, Pôle-Sud.


S’il n’est pas nouveau il a été particulièrement remis dans la lumière lors de l’entrée des Talibans à Kaboul en août 2021 et leur prise en otage de toute l’Afghanistan. Depuis, la répression et l’horreur pèsent sur la population de ce pays.

Que des institutions culturelles se soient démenées pour faire sortir quelques artistes de ce pays martyr est tout à leur honneur. C’est le cas à Strasbourg pour 8 d’entre elles, Le Maillon Théâtre de Strasbourg scène européenne, le TJP CDN, Pôle-Sud CDN, le TNS, Musica, l’Opéra national du Rhin, Jazz d’or et l’Oosphère, d’où la proposition du Maillon d’organiser un Focus sur le thème de l’Exil et  de nous faire rencontrer ces artistes exilés en nos murs.

Première proposition de ce Focus, la pièce «  En transit » de l’iranien Amir Reza Koohestani créée en juillet dernier au Festival d’Avignon. La pièce est écrite à partir de l’expérience vécue par le metteur en scène et croise l’ouvrage de l’allemande Anne Seghers justement intitulé « Transit »  écrit en 1942 lors de son séjour à Mexico où elle avait dû s’exiler en raison de la guerre et de la répression menée contre   les communistes, les Juifs, et les intellectuels dont elle faisait notoirement parti. Au cours du périple qui la conduira jusqu’à Mexico elle a pu observer les difficultés rencontrées par ceux qui, comme elle, transitaient par le port de Marseille. C’est l’objet de son récit, que, par hasard le metteur en scène est en train de lire lorsque, à l’aéroport de Munich, alors qu’il s’apprête à partir pour Santiago du Chili pour présenter une de ses pièces, il est arrêté par la police des frontières pour avoir dépassé de 5 jours son autorisation à résider dans l’espace Schengen, retenu avec d’autres personnes et renvoyé à Téhéran. La coïncidence lui parait suffisamment pertinente pour qu’il décide de mêler ces deux moments dans une création qu’il intitulera « Transit ».

La pièce met donc en perspective des personnages de différentes époques confrontés les uns et les autres au mutisme de l’administration, aux fins de non-recevoir, à l’incompréhension de ce qui est subi, aux tracasseries de la bureaucratie aveugle autant qu’impitoyable et sourde à toute justification. Un parcours kafkaïen  retracé  de manière suggestive  par quatre comédiennes (Danae Dario, Agathe Lecomte, Khazar Masoumi,  Mahin Sadri)  qui interprètent tous les rôles dans un décor aussi froid et gris que ceux qu’on trouve dans les aéroports ( scénographie Eric Soyer), une valise y semble abandonnée en attente de son propriétaire convoqué dans cette immense salle de transit ,réitérant ses demandes d’explication à une policière qui ne fait que lui répéter qu’il n’est pas en règle et qu’elle doit appliquer la loi. Les visages excessivement agrandis sont projetés sur un écran en fond de scène, mettant ainsi en valeur l’expression consternée de ces gens confrontés à l’absurdité et à l’angoisse de ne pas savoir le sort qui leur est réservé face à tant d’arbitraire. (vidéo Philipp Hemwarter ).Parfois ils  s’installent face à un employé chargé de les interroger sur une petite structure  dressée au fond  du plateau ou bien on les voit enfermés dans une sorte de cabine en verre dans laquelle ils s’agitent impuissants à se faire entendre.

Une démonstration concluante de l’absurdité d’une administration qui n’a de cesse de créer des complications et de placer des obstacles sur le chemin de ceux pour qui l’exil est une nécessité et pour tous ceux qui prétendent à juste titre à la liberté de voyager.

  • Représentation du jeudi 26 janvier

Le samedi suivant intitulé « Journée Afghane nous offrait la possibilité de voir à l’œuvre  des artistes afghans séjournant ici depuis  leur extradions en août 21 leur donnant la possibilité de s’exprimer en tant qu’artistes.

Outre une exposition photo dans le hall, de petites formes théâtrales étaient jouées dans la petite salle.

 « La Lune » par Razia Wafaei Zada et Sayeh Sirvani  qui nous racontent qu’on dit qu’il faut 9 lunes pour que naisse un enfant et posent la question « combien de lunes faudra-t-il pour que renaisse l’Afghanistan ?

Dans « Les Femmes Turquoises » Bas Gul Garimi et Nina Faramarzi chantent et dansent. L’une est voilée, l’autre pas Elles évoquent, le fouet, les châtiments corporels ce qu’elles qualifient du mal dissimulé sous la religion, cruauté exercée par ces hommes stupides et ignorants.

Dans « Levez le voile » Ahmad Ali Ebrahhimi, Ghodratollah Benyamin et Nina Faramarzi posent la question « partir ou ne pas partir « évoquent le voyage en bateau, le naufrage, la peur et disent  qu’il faut lever le voile sur ce qui se passe dans leur pays et qui est un crime contre l’humanité.

La quatrième proposition intitulée « Où me blottir » est une performance marionnette et poésie réalisée par Mohammad Ali Mirzayee, Sepldeh Esmaeilzadeh, Nouri Talebzadeh auxquels d’est joint Renaud Herbin du TJP-CDN.

Enfin et très attendue « Les Forteresses »  de la  Cie « La ligne d’ombre » mise en scène de Gurshad Shaheman, assisté de Saeed Mirzaei, pièce créée à Marseille le 26 août 2021 puis représentée à la MC 93 de Bobigny en juin 2022. Suivie d’une tournée qui l’amène jusqu’à nous en ces jours.

Le metteur en scène franco- iranien Gurshad Shaheman, né en1978 a quitté l’Iran a l’âge de 10 ans.

Il propose dans cette pièce un retour vers son pays natal à travers les récits de vie de trois femmes de sa famille, toutes, nées dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan dans les années 60, sa mère qui s’est exilée en France, ses tantes, les sœurs de sa mère, l’une ayant choisi de s’installer en Allemagne, la dernière  décidant  de rester en Iran. Elles se retrouvent pour ce spectacle après des années de séparation à l’instigation de leur fils et neveu qui, à partir de leurs témoignages a écrit le livre « Les Forteresses » édité par « Les Solitaires Intempestifs » et qui est le texte de cette pièce si particulière.

D’abord par le cadre qui nous est proposé, un vaste salon à l’orientale où le public est invité, par le metteur en scène en personne, à prendre place sur des divans recouverts de tapis persans. (scénographie Matthieu Lorry-Dupuy, lumières Jérémié Papin)

Ensuite par la séparation des protagonistes qui sont, d’une part sur le plateau central les femmes de la famille Hominaz, Jeyran et Shady dont l’auteur a recueilli les paroles  et auprès desquelles il se tient car c’est à lui qu’elles s’adressent, mimant les gestes du quotidien, préparer et servir le thé, les repas, composer un bouquet de fleurs et d’autre part les actrices, installées sur des chaises placées parmi les spectateurs, chargées, elles, pendant toute la représentation de dire ces récits de vie qui reflètent, pour la plupart, les violences subies. Ce sont donc à travers les voix de Guilda Chahverdi, Mina Kavani, Shady Nafar que l’on découvre leurs parcours semés d’embûches qu’elles ont dû surmonter, qu’il s’agisse de la révolution en 1979, de la guerre Iran-Irak, de l’arrivée des Islamistes au pouvoir, de l’exil.

Des récits précis, intimes qui donnent parfois les larmes aux yeux quand on apprend leur désir d’études contrarié et souvent empêché, voire interdit, leur militantisme bafoué, suivi d’enfermement dans d’horribles geôles où l’on pratique les pires tortures, leur mariage forcé, à peine sorties de l’adolescence, leur vie conjugale sans liberté.

Une bonne part de ces confidences portent sur le comportement des hommes pères, frères, maris tous plus ou moins odieux, faisant montre d’un autoritarisme démesuré, n’hésitant pas à pratiquer des châtiments corporels sur leurs épouses, exerçant une véritable tyrannie sur elles et les enfants. Plusieurs anecdotes nous ont fait froid dans le dos et même si elles n’ont pas été victimes du pire comme de la lapidation d’une femme dénoncée comme prostituée par son mari à qui elle refusait de continuer la prostitution qu’il l’obligeait à pratiquer, toutes ont été soumises aux pratiques de ce patriarcat d’autant plus indéboulonnable qu’il est soutenu par la république des mollahs, celle qu’elles n’auraient jamais cru possible après avoir contribué à vaincre le shah.

Leur seule porte de sortie a donc été pour trois d’entre elles, le divorce et l’exil.

De sombres récits réalistes et émouvants, heureusement entrecoupés par des intermèdes dansés et chantés dans la langue interdite en Iran et qui est la leur, l’Azéri. (son et musique électro acoustique signée Lucien Gaudion)

Des témoignages bouleversants, un véritable éloge de la résistance, et du courage de ces femmes pour qui l’émancipation est une lutte, comme aujourd’hui encore les femmes en font la démonstration en Iran.

Marie-Françoise Grislin

  • Représentation du 3 février

Odile et l’eau

Texte et interprétation Anne Brochet au TNS

Tenir un journal de piscine, voilà le défi que l’actrice et autrice Anne Brochet s’est lancé à elle-même et qu’elle a relevé en prenant consciencieusement  des notes durant  ces nombreux passages dans une banale piscine municipale.


Avec la complicité de la chorégraphe Joëlle Bouvier elle en monte un spectacle qui a tout pour plaire, une leçon aquatique d’existentialisme.

Du décor au jeu, rien que du raffiné, du pertinent, du ludique, autant dire une parenthèse enchantée, lumineuse pour rompre avec la grisaille du temps hivernal et le sombre quotidien de l’actualité.

Magnifique présence du corps, glissant, nageant, rêvant, observant, avec malice ceux qui fréquentent ce milieu particulier, la piscine avec ses obligations, ses rituels, ses plaisirs, ce qu’elle apporte de contentement et d’évasion.

Tout cela est dit, montré, mimé en parfaite connivence avec le public qui assiste, amusé, à ces ébats et ne peut que ressentir une empathie non dissimulée à l’égard de ce personnage songeur, plein de vigueur et de finesse.

Avec la collaboration de Joëlle Bouvier, Anne Brochet a choisi de donner beaucoup d’expressivité à son jeu et offre une étude fouillée, précise de la gestuelle d’une nageuse. La grâce, l’élégance qu’elle confère à ses mouvements les apparentent à ceux d’une danseuse, quelque peu excentrique malgré tout, avec parfois ses palmes au pied, son bonnet, ses lunettes de plongée mais toujours revêtue de ses très beaux maillots de bain dessinés par Anne Autran, et puis, épisodiquement, avec sa queue de petite sirène quand son imagination l’entraîne à se prendre pour elle.

La prestation est d’autant plus fascinante qu’elle se déroule dans un lieu où les objets typiques de l’univers des piscines, échelle métallique, plots de plongée, bouée semblent disposés de façon aléatoire à côté d’un grand rectangle bleu sur lequel la lumière changeante dessine comme les méandres de l’eau. Autant d’éléments qui soulignent ce que la scénographie présente de magique, avec son écran en forme de vague pour surfeur sur lequel de magnifiques images de mer, d’animaux marins seront projetées en adéquation avec les déplacements de la nageuse qui semble participer à cette vie multiple et foisonnante dont les myriades de protozoaires en constituent le plus bel exemple.

Tout au long du spectacle, à l’instar de la nageuse on découvre combien l’eau est révélatrice de souvenirs, de désirs jusque-là à peine conscientisés. Et l’on rencontre cette femme esseulée depuis que ses enfants devenus adultes sont partis, que sa mère est décédée, que son amoureux, Nicolas l’a quittée. Quelque peu désœuvrée, certes, mais avec des projets comme celui d’aller voir les piscines de Californie ou de s’amouracher là-bas d’un bel Indien. Drôle et réconfortant.

Ce « seul en scène » est un spectacle sensible, harmonieux, une perle d’eau douce à conserver parmi nos souvenirs des moments heureux de théâtre.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 2 février

En salle jusqu’au 10 février

Un sentiment de vie

C’est un très beau texte de Claudine Galea magistralement interprété par une grande comédienne Valérie Dréville, toutes deux artistes associées au TNS, toutes deux bien connues et appréciées de son public et remarquablement mis en scène par Emilie Charriot connue pour sa mise en scène de « King Kong Théorie » de Virginie Despentes et « Passion simple «  D’Annie Ernaux.


 Claudine Galea est une autrice prolixe qui a publié des romans, des texte de théâtre, des albums jeunesse et reçu de nombreux prix. Autrice sensible, nous nous rappelons de sa pièce « Au bord » en 2021, mise en scène par Stanislas Nordey qui évoquait la photo d’une soldate américaine tenant en laisse un prisonnier irakien. Un moment de théâtre très fort.

Dans « Un sentiment de vie » Claudine Galea revient sur son histoire personnelle, évoquant de façon juste et sensible l’amour qu’elle portait à son père. Se souvenir de ceux qu’on a aimés et qui nous ont aimés, ce qui ne s’est pas toujours clairement exprimé et occasionne, c’est bien connu, le regret de ne pas avoir plus nettement montré ses sentiments.

Le « trop tard » cherche alors à s’extérioriser. L’écriture en constitue souvent un des moyens, elle sait porter ce ressenti à jamais disparu mais quelque part toujours présent, enfoui voulant aller vers la lumière.

Claudine Galea a beaucoup aimé son père et presque pourrait-on dire en suivant ses propos, détesté sa mère. Pour revenir sur cet amour elle prend des chemins de traverse, ceux que l’écriture lui permet. Et la voilà qui commence par passer par Falk, Falk Richter, comme elle auteur associé au TNS, venu à plusieurs reprises y présenter ses pièces. Ainsi s’y sont-ils croisés.

Un texte de lui l’a particulièrement marquée, celui intitulé « My secret garden » dans lequel il parle de son père qui, durant la guerre n’était pas du « bon côté ». Quelque chose de similaire est inscrit dans sa vie puisque son père à elle, ancien militaire né en Algérie comme son père et son grand-père n’était pas pour l’indépendance, contrairement à sa mère communiste, anticolonialiste qui la soutenait. Grand différend entre ces deux êtres dont elle est issue, dans cette famille qui se disait « normale » où l’on parlait plus facilement de politique que d’amour, où les garçons ne pleuraient pas, mais où les filles le pouvaient. La grande histoire et la petite entremêlées.

Ecrire sur son père, une sorte de nécessité qui la bouleverse car c’est un peu emprunter son corps, opérer une forme de transmutation qui permet de se rapprocher au plus près de celui qu’on voudrait encore saisir, avec lequel on désire encore et toujours une vraie proximité mais que la mort a emporté.

UN très grand moment dans cette évocation des souvenirs est celui de leurs déplacements en voiture. Quand elle était enfant ils chantaient alors « Noël blanc » préféré à « Petit papa Noël » et puis lorsqu’il a été atteint par un cancer, il lui fait remarquer que c’est elle maintenant qui le conduit. En route pour l’hôpital où il doit subir une opération des dents et du palais, ils écoutent « la voix », celle de Frank Sinatra qu’il a toujours adoré et dont maintenant il ne pourra plus siffler les airs comme il le faisait si souvent.

Parce que la vie n’a rien d’autre que la vie ce monologue s’achève en un long poème qui rappelle ces nombreux artistes qui, s’ils sont partis volontairement ont témoigné jusqu’à l’extrême de ce «  sentiment de vie » qui les hantait  et les conduisait  « à la recherche des rêves perdus » et qui nous » ont laissé des œuvres mémorables. Nombreux seront cités, Virginia Woolf,, Sarah Kane  entre autres et Lenz qui, selon l’autrice en constitue l’exemple même , lui qui, dit-elle. « Traverse la neige pour parler à quelqu’un » lui qui l’incite à écrire « Ecris avec Lenz avec le trop avec l’excès de Lenz » dit-elle.

Nous donner à connaître tout cela sans pathos, sur le ton de la confidence, de la révélation vivante, exige de la part de la comédienne une grande maîtrise de ses attitudes, juste quelques allées et venues sur le plateau parfaitement nu, habillée très simplement d’un pantalon et d’un pull (Emile Loiseau) et de sa voix parfois très discrète parfois teintée d’émotion entre des silences habités de souvenirs. Un simple sourire, le regard posé sur nous qui sommes restés dans la lumière (Edouard Hugli ) pour être au plus proche de ses paroles. Tant d’authenticité nous touche profondément.

Marie-Francoise Grislin

Représentation du 17 janvier TNS

En salle jusqu’au 27 janvier 2023

Fraternité, conte fantastique

La programmation de la saison nous conduit à découvrir, avec la pièce « Fraternité , conte fantastique » dont elle signe la mise en scène, Caroline Guiela N’Guyen qui vient tout juste d’être nommée directrice du TNS


Fondatrice  en 2OO9 de la Compagnie « Les Hommes Approximatifs »
Caroline Guiela N’Guye n’est pas pour nous une inconnue, puisque, elle était élève de l’Ecole du TNS de 2OO5 à 2008 dans la section
« mise en scène ».

 Et surtout, qu’elle nous avait présenté, ici même, en 2018 « Saïgon », une pièce qui nous avait bouleversés par son côté humain et sa dimension historique.

« Fraternité , conte fantastique » nous touche différemment.

La pièce créée en juillet 2021 au Festival d’Avignon a déjà beaucoup tourné.

 De problèmes humains il en est encore fortement question dans ce nouvel opus mais ceux-ci sont abordés sous l’angle particulier d’une improbable fiction qui met en place la disparition de la moitié de l’humanité lors d’une éclipse d’une rare intensité.

Comment ceux qui ont été épargnés par cette catastrophe vont-ils vivre cette douloureuse, fâcheuse et inattendue absence, de leur famille, de leurs amis ?

Se mettent alors en place des centres de soin et de consolation largement inspirés des centres d’accueil qui, en raison des détresses actuelles, fleurissent autour de nous.

Le dispositif scénique (Alice Duchange) nous montre sur le plateau une grande pièce où vont et viennent nombre de gens qui cherchent à puiser dans ce lieu un peu de réconfort. Se côtoient jeunes, moins jeunes, hommes et femmes que la détresse rassemble et qui essaient de se soutenir comme ils peuvent face à cette épreuve. On sert des cafés, on se prend dans les bras, parfois on se chamaille on y parle plusieurs langues car la catastrophe a touché bien des parties du monde. On erre de ci delà en composant des chorégraphies qui signent ces rencontres aléatoires.

Les yeux braqués sur un écran où figure l’image du cosmos, les gens espèrent qu’une nouvelle éclipse se produira pour ramener vers eux les chers disparus. En attendant cet improbable retour on leur propose d’entrer dans une petite cabine vitrée où, pendant une minute et demie, ils pourront envoyer un message à la personne disparue. Cela donne lieu à des moments pathétiques remplis de déclarions d’amour, de supplications, de larmes et dont ils ressortent désemparés, parfois harassés car, bien sûr, il n’y a pas de réponse, ces moyens technologiques demeurant impuissants à faire le lien tant espéré. Beaucoup d’émotions se lisent sur les visages projetés en gros plan sur un écran en fond de scène. (vidéo Jérémie Scheidler) 

On découvre aussi que le chagrin fait ralentir les battements du cœur et que cela impacte le mouvement des étoiles, éloignant le possible retour de l’éclipse tant souhaitée, ce qui est surveillé par une scientifique de La Nasa qui déambule parmi ces esseulés en uniforme militaire, micro en main et écouteurs sur les oreilles.

Dans une deuxième partie, un autre protocole est proposé à ceux qui ne se résignent plus à attendre et à souffrir. Ils peuvent être reliés à une machine qui a la forme d’un cœur et qui efface les souvenirs trop douloureux. De cruels dilemmes s’ajoutent alors à leur peine : faut-il supprimer certains souvenirs, pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? Là encore le soutien des compagnons de misère est nécessaire. Leurs conseils, leurs encouragements se révèlent précieux, indispensables dans cette confrontation avec la mémoire.

Les treize acteurs, Dan Artus, Saadi Bahri, Boulaina El Fekkak, Hoonaz  Ghojallu ,Yasmine Hadj  Ali, Maimouna Keita, Nanii, Elios Noel, ou Pierric Plathier, Alix Petris, Saaphyra, Vasanth Selvam,  Selvams, Anh Tran Nghia, HiepTran Nghia, professionnels comme amateurs s’engagent avec conviction dans ces rôles de composition répondant ainsi à la demande de la metteure en scène qui considère comme « un désir et une nécessité absolue d’amener sur le plateau des gens qu’on n’y voit habituellement pas ».

La slameuse Saaphyra porte avec fulgurance la peine et l’espoir de tous.

En contrepoint de cette effervescence le très beau chant, très saisissant du contreténor Alix Petris.

C’est le deuxième volet du cycle « Fraternité » commencé en 2020 avec un court métrage « Les engloutis » tourné en prison avec des détenus de la Centrale d’Arles où l’auteure est intervenue pendant huit ans. Un troisième volet intitulé « Kindheitarchive » (Enfance archive) a été créé  en octobre 2022 avec  des comédiennes de la troupe permanente de la Schaubühne de Berlin et parle de l’adoption.

Le prétexte fictionnel de ce conte ne cherche qu’à souligner cette évidence que la puissance des liens au-delà des différences  marque cette fraternité qui ne guérit pas mais allège le poids du chagrin. 

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 12 janvier au TNS

A l’affiche jusqu’au  20 janvier.

Nostalgie 2175

Anne Monfort met en scène une pièce de l’autrice allemande Anja Hilling née en 1975, pièce écrite en 2008, traduite par Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti.


Un spectacle dérangeant dont le genre nous échappe quelque peu car peut-être nous attendions -nous à une pièce de science-fiction et qu’en fait, même si en prélude des éléments s’y référant sont bel et bien posés, c’est de relationnel dont il sera essentiellement question.

Nous sommes donc en 2175 et depuis plusieurs années la température a atteint 60 degrés et la vie sur la terre est devenue presque impossible. Le soleil n’apparaît plus, les rivières ne coulent plus et les humains qui, malgré tout se sont adaptés, ne peuvent sortir sans protection sinon leur peau est brûlée et ils meurent. C’est dans ce contexte apocalyptique qu’évoluent les protagonistes, disons les rescapés de cette situation dramatique. Ils sont trois une femme, Pagona et deux hommes, Taschko et Posch , peut-être faudrait-il  dire quatre puisqu’il y a « Bébé », une fille, encore dans le ventre de Pagona, sa mère mais qui va tenir une grande place dans  cette histoire.  Car c’est autour d’elle que tout s’organise.

En effet, Pagona parle à cette enfant conçue par voies naturelles alors que cela  n’est quasiment plus possible et que les statistiques exposent quelques rares cas  qui se sont terminés par la mort des femmes. Pagona, elle, se découvrant enceinte, a décidé de garder l’enfant sachant les risques auxquels elle s’exposait. C’est à Taschko, cet artiste peintre dont elle est amoureuse, qu’elle désire confier l’enfant pour qu’il l’élève.

C’est à elle qu’elle révèle ses rencontres avec Taschko et Posh, le riche patron d’une entreprise qui récupère la peau des morts servant fabriquer des isolants pour les murs des maisons ce qui permet d’y vivre sans ces habits protecteurs indispensables à l’extérieur.

La pièce oscille entre le soliloque de Pagona qui s’adresse simultanément à l’enfant à naître et au public et des scènes reproduisant les rencontres entre les trois protagonistes.

C’est ainsi que l’on pourra suivre ce moment presque romanesque au cours duquel Pagona, serveuse dans un bar, se retrouve avec Taschko, le peintre dermaplaste, chargé de la décoration du lieu qui doit peindre une fresque reproduisant, comme il le fait habituellement, des scènes du temps passé celui où la nature existait, où le ciel était bleu et dont il a connaissance par les cassettes VHS récupérées par son patron Posh. Amoureuse de Taschko, elle voudrait l’embrasser mais il ne peut y consentir car, lors du viol qu’il a subi sa peau a été brûlée et on ne peut plus le toucher ce qui rend leur relation difficile. Néanmoins leur sentiment amoureux reste vif et s’affirme lors de leur rencontre au point que c’est à lui qu’elle veut confier l’enfant conçu avec un autre, en l’occurrence, Posh au cours d’une scène ambigüe, presque scène de viol plus ou moins consenti.

.

La dimension politique apparaît nettement ici et domine le côté science-fiction du scénario.

Pour suggérer cet univers dystopique un décor relativement sobre avec des éléments sans vraiment de liens entre eux, un sol brillant, une cabane colorée, des arbres squelettiques suspendus, une barque sur l’eau et un écran pour quelques projections dont celle de la femme -moustique aux ailes déployées sur fond de ciel très bleu, illustrant la nostalgie de l’ancien temps (scénographie et costumes Clémence Kazémi, lumières Cécile Robin)

La musique a la part belle, écrite spécialement pour soutenir ces propos et ces situations par Nùria Giménez-Cosma avec l’appui de l’IRCAM avec les nuances et les trouvailles que cela impose. 

Dans cet univers étrange dont les propos nous interpellent rejoignant nos préoccupations sur l’avenir de la planète et de l’humanité les comédiens se prêtent au jeu avec une belle conviction. 

Judith Henry campe une Pagona sensible parfois incertaine, malgré tout déterminée face au destin qu’elle a choisi et qui la voue à la mort ce dont elle se préoccupe moins que de l’amour qu’elle voue à son enfant et à Taschko .

Jean- Baptiste Verquin réussit un Posh, pas très sympathique, un patron, un capitaliste sans scrupule

Mohand Azzoug donne à Taschko sa fébrilité d’homme blessé, impuissant, dépendant mais amoureux  lui aussi.

En fin de compte, la survie de l’humanité ne va-t-elle pas dépendre essentiellement de sa capacité à aimer envers et contre tout, peut-être est- ce cela que nous dit la pièce d’Anja Hilling ?

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 7 décembre au TNS

New Création

Grâce à l’invitation de Pôle Sud et du Maillon, Bruno Beltrao avec les danseurs de sa compagnie « Grupo de Rua » nous emmène au Brésil, un Brésil qui vient tout juste de sortir d’une période sombre avec l’extrême- droite au pouvoir. C’est durant ce temps de paralysie du pays et des restrictions des libertés que le chorégraphe a élaboré cette pièce qui traduit un véritable esprit de résistance.


Danseurs, performers hors pair venus du Brésil et témoignant dans cette danse d’un véritable engagement.

Le plateau est leur territoire, vaste comme leur pays parfois plongé dans la pénombre (lumières Renato Machado). Ce n’est pas seulement le lieu de leur prestation mais celui où en solo, duo, ensemble ils en font le lieu des confrontations, des heurts, des étreintes, le lieu où les corps s’expriment de mille façons par la virtuosité, les gestes extrêmes, bras et jambes au maximum de leur extension, de leur tension, marche avec le corps renversé et à la limite d’un déséquilibre toujours maîtrisé. Impressionnante, la rapidité avec laquelle ils surgissent dans cet espace qu’ils traversent parfois à grandes enjambées et donnent lieu à des course folles.

C’est le heurt des corps propulsés les uns vers les autres, qui s’attendent, se cherchent, se bousculent, s’agrippent par le cou, les cheveux, s’empoignent avec vigueur. Ils peuvent sauter, tournoyer, s’affaler au gré des circonstances dont ils possèdent la clé qui nous échappe souvent mais que l’on devine proche de leur vécu ou de celui dont ils veulent évoquer les moments difficiles dans ces Favelas bien connues pour être des lieux de violence sans concession qui exigent du courage, de l’énergie pour survivre au milieu des surveillances policières, des rivalités entre bandes de trafiquants prêts à s’entretuer.

Dans ces costumes blancs pour les uns, noirs pour les autres, une seule danseuse apparaîtra en rouge, toujours bien adaptés à leur silhouette et permettant la liberté de mouvement dont ils font grand usage dans cette prestation(costumes Marcelo Sommer) les danseurs, Wallyson Amorim, Camila Dias, Renann Fontoura, Eduardo Hermanson, Alci Junior, Silvia Kamyla, Samuel Duarte, Leonardo Laureano, AntonioCarlos  Silva, Leandro Rodrigues, se lancent et s’élancent  dans cette chorégraphie qui mêle le hip hop réinterprété par Beltraoe et la danse contemporaine pour créer une œuvre d’art vivante et pas muséal, hors des sentiers battus, avec l’apport de la  bande son bruitiste bien évocatrice d’une ambiance urbaine de circonstance et de la musique signée Lucas Mercier/ARPX ,Jonathan Uliel, Saldanha, Ryoji Ikeda.

La liberté des corps pour déjouer l’oppression, mettre toute son énergie, sa virtuosité à jouer la violence pour la dénoncer, tel est le sens de cette chorégraphie que nous avons ressentie comme un manifeste particulièrement pertinent  au vu de l’actualité .

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 2 décembre au Maillon

Un faible degré d’originalité

Il faut de l’audace pour choisir de traiter un sujet à priori aussi peu théâtral que celui des droits d’auteur car ça paraît un peu technique et juridique. Mais, confié à un certain Antoine Defoort,  créateur de « L’Amicale », une coopérative de production et de création bruxello-lilloise, ça change tout. En effet car Antoine Defoort est un humoriste convaincu qui déclare sans vergogne :
« qu’on ne peut être sérieux que lorsqu’on déconne un minimum ».


Le Maillon avait invité « L’Amicale » à montrer quelques-uns de ses spectacles et le public a comme toujours répondu nombreux à cette invitation. 

Nous voilà donc embarqués pour plus d’une heure de spectacle avec ce comédien très doué qui entame sa conférence d’une manière surprenante en nous interprétant quelques scènes du film « Les Parapluies de Cherbourg », dont il joue sans vergogne tous les personnages  et qu’il aurait voulu  adapter au théâtre  ce qui a été refusé par les Ayants droits ,manière donc d’introduire son sujet par des travaux pratiques. Pour aborder le sujet de la propriété intellectuelle des œuvres de l’esprit, Alain Defoort imagine une causerie familière et pour ne pas nous dissimuler  la complexité du sujet , il nous engage, métamorphiquement  à entamer avec lui une randonnée en montagne dont de temps à autre il nous rappellera les étapes et pour jouer le jeu  jusqu’au bout il nous fera remettra en partant un « Topo-guide », drôle par ses illustrations et très complet par rapport à certaines notions comme « le mécénat » ou « l’intermittence ». Humour et pédagogie astucieusement associés comme il se doit avec cet artiste.

Mais d’abord, nous partons avec lui dans l’Histoire pour quelques rencontres capitales en particulier dans ce XVIIIème siècle, siècle des Lumière avec un certain Denis Diderot que notre guide « accueille » avec déférence et qui voulait rémunérer les auteurs pour encourager la création et favoriser le développement humain. On y croisera aussi Condorcet lors de la Révolution française, très attaché à la culture.

 Il nous faudra nous familiariser avec les notions de propriété des oeuvres, du droits d’auteur, du copyright mis en place par les Anglais vers 1710, justement pour protéger les auteurs comme la France le fera en 1791 avant que tout cela  soit confirmé lors de la Convention de Berne en 1886 par une loi qui donne le droit de propriété exclusif l’auteur.

L’idée de rémunérer les artistes  a fait son chemin et donne même aux héritiers, aux ayants doits la possibilité de profiter de son exploitation jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur. C’est là que  Alain Defoort ne peut résister  à raconter la rocambolesque succession du compositeur Maurice Ravel. C’est  en manipulant quelques boîtes en carton et en les positionnant selon leurs tailles que notre conférencier quittant son pupitre nous illustre ses propos, ce qui ne manque pas d’être surprenant et drôle.

Enfin de parcours il aborde l’actualité, parlant de la quatrième révolution, après celle du langage articulé, celle de l’écriture, puis de l’imprimerie, celle de l’internet  qui permet un accès libre aux œuvres et pose à nouveau le problème de la rémunération.

On redescend de la montagne, la tête toute pleine de notions diverses et variées sur la question épineuse des droits d’auteur et totalement admiratifs de la performance de l’artiste qui nous a captivés pendant plus d’une heure.

 Marie-Françoise Grislin

Représentation  du 10 novembre au Maillon

Bachelard Quartet

Le TNS présente avec le TJP-CDN la dernière création de la Cie La belle Meunière « Une rêverie sur les éléments à partir de l’œuvre de Gaston Bachelard »


 Les trois interprètes, Pierre Meunier, Jeanne Bleuse, Matthew Sharpqui réservent un accueil chaleureux aux spectateurs qui progressivement gagnent leur place dans la salle. Nous sommes là pour évoquer, Bachelard, un grand philosophe, un vrai poète. Et c’est un beau projet qui mérite que, nous, les spectateurs, comme conviés à une veillée, nous soyons, pour plus d’intimité, installés dans un dispositif tri -frontal.

Pierre Meunier avec la complicité de Marguerite Bordat qui dirige avec lui la Cie « La Belle Meunière », a tenu à cette rencontre qui fait l’éloge de l’imagination et des quatre éléments constitutifs de la vie, la terre, l’air, l’eau et le feu. Il est le conteur, celui qui rapporte avec attention, respect et enthousiasme les mots de l’écrivain que lui-même a découvert en 1990 en lisant son ouvrage « L’air et les songes ». Depuis cet auteur ne l’a plus quitté et sans le citer explicitement, il a créé en 2021 un spectacle pour le jeune public, intitulé « Terairofeu » dans lequel les quatre éléments sont mis en jeu de façon ludique à l’aide de nombreux objets manipulés, ce qui caractérise souvent les spectacles de « La Belle Meunière », ce qui n’est pas le cas ici.

Car tout repose sur la voix et la musique et leur pouvoir d’évocation. Pas non plus de plateau à proprement parler pour plus de proximité avec le public (scénographie Géraldine Foucault et Marguerite Bordat) mais deux estrades(construction Florian Mèneret et Jean-François Perlicius), sur lesquelles sont installés les instruments de musique, un violoncelle, un piano. Ils seront avec ceux qui en jouent, la pianiste Jeanne Bleuse et le violoncelliste Matthew Sharp, d’extraordinaires partenaires de jeu pour le conteur, Pierre Meunier qui va de l’un à l’autre en effectuant sa causerie qui, en tout premier lieu, est un éloge de l’imaginaire, de la rêverie, deux concepts chers à Bachelard .

Il ne s’agit pas d’illustrer le propos mais d’en faire ressortir la poésie et la beauté. Une extraordinaire complicité circule entre les trois artistes. La musique parle à sa manière, le récitant se met, parfois à chantonner ou même à chanter et à esquisser des pas de danse. Parfois, aussi, de grands enthousiasmes les traversent, ils se regroupent autour du piano, trafiquent dans son ventre, se réfugient en dessous comme pour jouer à cache-cache ou se mettre à l’abri. A d’autres moments chacun regagne son lieu et joue avec talent, avec passion. Outre les improvisations, le répertoire choisi mélange les genres et les époques et l’on pourra entendre des œuvres de Gabrielli (1689) aussi bien que d’Igor Stravinsky (1913), de Béla Bartok (1915), de Meredith Monk (2003) ou d’Olivier Messiaen(1928) et de bien d’autres,  interprétés avec une formidable virtuosité dans de pertinents arrangements. (conseil à l’improvisation et au piano préparé Eve Risser)

La poésie, c’est aussi quelques jolies trouvailles, entre autres, cette boule de verre cassé qui projette une myriade de petits cercles lumineux tout autour de nous (lumière Hervé Frichet) ou ces tubes métalliques qui font des sons harmonieux en s’entrechoquant ou bien encore ces morceaux de bois à frotter pour faire jaillir l’étincelle ou la fumée qui rend imprécis les contours. 

Chaque élément sera bien sûr évoqué, La TERRE, dans laquelle la pianiste voulait creuser des trous et que le violoncelliste rêvait d’explorer en devenant égoutier.  Cette terre d’où l’on extrait le métal que le forgeron façonnera sur l’enclume, « enclume », un si beau mot dira le conteur.

Le FEU, sur lequel s’attarde Meunier qui nous conduit aussi à des révélations de bon aloi comme celle qui nous dit que, dans les temps préhistoriques les femmes connaissaient le feu avant les hommes, savaient le cacher, le conserver. On parlera du feu comme « fils du bois » puisqu’ on peut l’obtenir par frottement de deux morceaux de bois mais on peut aussi bien dire , « fils de l’homme » puisque le frottement des corps est une expérience humaine qui peut irradier les feux de l’amour et qui a peut-être été inspiratrice… On évoquera les légendes qui racontent qu’un jour un ivrogne bien imprégné d’alcool s’est enflammé de l’intérieur et les coutumes comme celle du brûlot qui voit l’alcool s’enflammer dans le verre.

Pour L’AIR, il sera question de liberté, de légèreté,  a contrario d’un jeu de mot « je pense donc je pèse » pendant que Matthew grimpe pour jouer sur le couvercle du piano et que Jeanne fait avec énergie ses gammes avec son coude. Mais on n’en reste pas là car on évoque le premier soupir poussé à la naissance et le dernier quand on rend l’âme.

Quant à L’EAU, c’est par l’intermédiaire d’un grand moment musical qu’elle sera célébrée avec le chant nuancé du violoncelliste, par un hymne à la nuit, par les musiciens jouant dos à dos et par le  récitant couché pour évoquer la mort, la nécessité de refaire un monde et de sauver des eaux des peuples qui y périssent.

Pour clore cette veillée, en toute convivialité, nous sommes invités à rejoindre le bar où les artistes nous servent le rhum encore brûlant d’avoir flambé dans la marmite.

Défense et illustration de Gaston Bachelard et de La Belle Meunière.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 26 novembre au TNS

En salle jusqu’au 2 décembre

La septième

Un comédien exceptionnel, Pierre-François Garel nous embarque avec lui dans un périple qu’il fait sien. L’histoire est étonnante, le jeu du comédien subjuguant. Durant plus de deux heures nous le suivrons, admiratifs de sa performance, fascinés par le propos puisqu’il va jouer le personnage de quelqu’un qui a vécu une incroyable histoire, celle d’une éventuelle immortalité.


Marie-Christine Soma la metteure en scène, qui est également créatrice lumière, n’est pas une inconnue du public du TNS qui a déjà vu « Feux » d’August Stramm en 2008, « Ciseaux,papier caillou » avec Daniel Jeanneteau de Daniel Keene en 2011, une adaptation  du roman «  Les vagues » de Virginia Woolf, en 2010 et en 2018, « La pomme dans le noir » interprété par Pierre-François Garel, d’après « Le bâtisseur de ruines »de Clarice Lispector.

Pour l’heur, elle adapte la dernière partie du roman de Tristan Garcia « 7 » (prix du livre Inter en 2016) un ensemble de sept petits romans, celui-ci intitulé justement « La septième ».

Comme le narrateur nous ne nous doutons pas de ce qui nous attend quand débute cette pièce qui  se révèle tenir du fantastique autant que  de l’humaine condition.

Notre vie ne s’écoule-t-elle pas entre la naissance et la mort et à cette vie ne s’accroche-on pas, sachant qu’il n’en existe pas d’autres quoique prétendent les religions ?

Mais là, surprise et coup de théâtre : le narrateur commence à nous raconter une curieuse histoire, son histoire. Il a sept ans et après une enfance solitaire avec pour toute compagnie le chien Noiraud, un beau jour il sauve un oiseau mais le chien le dévore. Quant à lui, après ce fâcheux incident, il se met à saigner abondamment du nez au point que ses parents et le médecin de famille l’envoient en consultation à Paris. C’est là qu’il fait la rencontre d’un personnage bizarre, une sorte de devin débonnaire, soi-disant médecin, qui lui annonce que non seulement il n’est pas malade mais qu’il est même éternel. La surprise et le doute sont si grands qu’il n’en dit rien à personne.

On assiste grâce à une impressionnante séquence filmée (images du film Marie Demaison, AlexisKavyrchine)  à cette rencontre insolite entre l’enfant (Gaël Raes)

surpris et interrogatif et ce probable charlatan nommé Fran
(Vladislav Galard).

Cet événement nous est rapporté par le narrateur engagé dans sa septième vie, celle où il prend conscience d’avoir perdu cette immortalité qui lui a permis de revivre six fois et le fait se plonger dans ses souvenirs car c’est à sa mémoire qu’il confie le soin d’évoquer tant de disparitions et de retours, pour découvrir que le même n’est jamais vraiment pareil.

 Voilà donc, comme annoncé sur un petit écran de télé l’évocation de sa première vie.

Car en attendant de mourir pour revivre, il va falloir vivre, l’enfance, l’adolescence, ponctuées par les visites amicales de Fran, près du petit pont romain et puis cette rencontre amoureuse avec Hardy, la jeune fille à la guitare qui restera son égérie (Mélodie Richard l’incarne à l’écran). Un déroulé de vie où Fran, se pose en initiateur voulant lui faire sauver l’univers pendant que Hardy l’entraîne dans le militantisme. Une vie avec elle dans la petite ville de Mornay, leurs deux enfants, son décès d’un cancer à cinquante ans, sa vieillesse à lui et sa mort d’une embolie attendue.

La deuxième vie s’annonce comme un recommencement. Il sait tout ce qui va arriver mais ce mystère le préoccupe. Il s’adonne à la science et obtient même le prix Nobel. Il a retrouvé Hardy et Fran mais ses recherches sur son anomalie génétique l’ont tellement absorbé qu’ils se sont éloignés de lui et c’est en vieux savant solitaire qu’il mourra de son cancer du poumon.

Ainsi de morts en renaissances va-t-il poursuivre son étrange destin qui le fera, militant, chef de guerre, écrivain, blasé aussi après tant d’aventures, jusqu’à cette septième qui lui fait rencontrer la mort.

Un chemin de vie parcouru avec cette mémoire fidèle, peut-être, inventive souvent, capable de

donner aux souvenirs une incroyable réalité et de garder précieusement en lui son attachement  quasiment indéfectible à son ami Fran et à son amoureuse  Hardy.

Avec très peu d’accessoires à son service, un fauteuil, un matelas, des journaux, des cartons et une immense bâche blanche, (scénographie Mathieu Lorry-Dupuy), Pierre-François Garel nous emmène avec lui dans cette fantastique reconstitution d’une vie extraordinaire. A son don de conteur s’ajoute celui de donner à son corps, à son visage une expressivité si convaincante que l’on entre complètement dans cette fiction et que cela déclenche en nous une vraie réflexion sur la vie, la mort, le relationnel, l’engagement, la transmission, autant de thèmes abordés par l’auteur, le philosophe Tristan Garcia qui , nous dit Marie-Christine Soma, « cherche à mettre de la chair sur la pensée »  comme elle qui ajoute : « j’ai toujours pensé que le théâtre est une rencontre entre la pensée et la chair » .   

Sa mise en scène, la performance sensible et pertinente du comédien en donnent une preuve éclatante.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 15 novembre au TNS

En salle jusqu’au 23 novembre

La Taïga court

Sonia Chambretto, à la demande de Stanislas Nordey, propose un texte bien dans l’air du temps sur les conséquences du dérèglement climatique, aux élèves des Groupes 46 et 47 de l’Ecole du TNS afin qu’ils en présentent quatre mises en scène différentes.


Il est, en effet, intéressant de voir comment chaque metteur en scène interprète un texte selon sa sensibilité et ses critères artistiques.

Le hasard dû à la distribution des billets selon la disponibilité des salles, nous a conduit à assister successivement à deux mises en scène conçues de manière bien différente.

Pour la première intitulée « Anti-atlas » elle est signée Ivan Marquez du groupe 47, assisté de Sarah Cohen avec à la dramaturgie Marion Stenton. lls proposent aux comédiens ,Yanis  Boulerrache, Kadir Ersoy, Simon Jacquard, Lucie Rouxel un jeu assez complexe qui les met en demeure de manipuler nombre d’objets, tels, par exemple, que caméras vidéo, micros, rubans de scotch, seaux et tas de terre. Le plateau devient un chantier en perpétuel chamboulement (scénographie Sarah Barzic) à l’image de l’état catastrophique du monde, énoncé par les acteurs qui viennent, chacun à sa façon en apporter témoignage.

 Et tout commence par ce constat « l’eau monte » répété à l’envi et presque comme un prélude à toutes ces catastrophes que le spectacle se chargera de mettre en évidence. Moment très pertinent, celui, au début de la représentation, où la jeune fille imagine les conséquences d’un éventuel mais probable ouragan sur son quotidien, elle qui aime dormir nue en raison de la chaleur et de l’humidité, elle ne pourra plus le faire car si l’ouragan survenait elle devrait fuir très vite et risquerait de se retrouver nue dans la rue, ce qui est inenvisageable. Petit exemple des conséquences des catastrophes qui vont survenir et impacter la vie des gens.

A l’évidence il y a plus grave et c’est l’interrogation du personnage du journaliste chargé d’enquêter sur les réfugiés climatiques, les déplacés. Sachant qu’ils sont des millions, il déplore sans cesse de ne pas les trouver et va de ci de là, micro tendu, sans se départir de sa quête.

Cependant, un assez long développement sur la Chine permet d’en concrétiser la réalité, même si, là encore, personne n’apporte à l’enquêteur les réponses attendues alors que sont évoqués les chantiers d’autoroute et de barrages qui ont chassé les habitants des petits villages, et ce, à grands renforts de bruitage d’explosion (son Léa Bonhomme) et de projections d’images (vidéo Charlotte Moussié).

Les comédiens en tenue de chantier (costumes Ninon Le Chevalier) interviennent à tout va pour parfaire cette démonstration de ce qui est et qu’on refuse de dire explicitement. On éclaire les visages avec des lampes de poche (Zoé Robert), on escalade les praticables, on s’y cache.

On dénonce les origines de la crise. En anoraks et bonnets, les comédiens annoncent la disparition des glaciers avant que l’un d’eux, à moitié dénudé ne se mette à ramper sur le sol pour jouer le léopard des neiges en voie de disparition et qu’un autre déguisé en ours polaire ne s’empare d’un micro pour, d’adressant à son auditoire, assis devant lui énumère les catastrophes déjà répertoriées ou à venir.

Une mise en scène riche de nombreuses propositions de jeu au caractère parfois trop illustratif mais incontestablement déterminée à ne rien omettre du texte proposé.

Représentation du 5 novembre


Ce même jour nous avons pu assister au spectacle « La Taïga court » intitulé « Bleu Béton » mis en scène par Thimotée Israël du groupe 46 de l’Ecole du TNS


Nous rencontrons ici une proposition, bien différente de la précédente, plutôt minimaliste avec une scénographie, très épurée, offrant au plateau une sorte d’estrade carrée surmontée d’un énorme cube qui semble symboliser la menace qui pèse sur la planète (scénographie Dimitri Lenin).

Les comédiens, Jade Emmanuel, Thomas Stachorsky, Manon Xardel, et Thimotée Israël surgissent, l’un après l’autre de derrière l’estrade et se plaçant en son centre viennent à jouer le texte de la pièce. Tout est dit, dans la pénombre (lumière Simon Anquetil) avec une certaine sobriété, si ce n’est ce cri qui soudain déchire l’air et exprime l’effroi devant la catastrophe (son Manon Poirier).

Chacun se fera donc porteur d’un récit témoignant de l’angoisse, de la peur, de la solitude face à ce dérèglement climatique qui engendre la fonte des glaciers, la montée des eaux, quand, par ailleurs, comme en Chine, les grands travaux d’urbanisation chassent les gens de leurs villages.

Chaque comédien par son attitude, le choix même de son costume (Loïse Beauseigneur) manifeste ce qu’il éprouve en mesurant l’ampleur des dégâts qui surviennent chaque jour de plus en plus nombreux.  

Pièce courte mais suffisamment évocatrice pour qu’elle nous conduise à nous interroger sur notre façon de percevoir l’avenir apocalyptique qui guette l’humanité.


Troisième mise en scène de « La Taïga court », celle intitulée « première cérémonie » mise en scène d’Antoine Hespel du Groupe 46 avec comme assistant Tristan Schintz, dramaturge du Groupe 48.


Dès l’entrée dans le studio Jean-Pierre Vincent où va avoir lieu la représentation, c’est la surprise, nous sommes accueillis avec empressement par une hôtesse qui nous remet en bonne et due forme le programme de la soirée et nous donne le choix d’une boisson car nous sommes bel et bien des invités et on nous conduits derechef à prendre place dans un fauteuil ou sur un canapé, ambiance cosy avec petites tables et lumières douces. En face de nous un écran sur lequel, figure en pointillés lumineux le dessin d’un continent indéterminé (scénographie Valentine Lê, Lumière et son Thomas Cany ).

C’est là, dans ce cabaret de luxe que les comédiens des groupes 46 et47 de l’Ecole du TNS, Jonathan Bénéteau de La Prairie, Yann Del Puppo, Quentin Ehret, Felipe Fonseca Nobre, Charlotte Issaly, Vincent Pacaud,  vont nous présenter les différents « numéros » inscrits au programme de la soirée. Une maîtresse de cérémonie bien maquillée, habillée « classe » (costumes Clara Hubert) se charge de les introduire, commençant sa prestation, en répétant, sur un fond de grand bruit et de plus en plus fort, les mots fatidiques « l’eau monte ».

Puis apparaît, installé dans une petite alcôve, un jeune homme qui parle de son problème d’aimer dormir nu ce qu’il ne peut plus envisager de faire en raison des risques d’ouragan qui l’obligeraient à se retrouver nu dans la rue, impensable évidemment.

Quand la jeune femme traverse l’espace scénique avec sa longue traîne en papier d’alu on comprend qu’on est au début d’une sorte de défilé de mode où les tenues originales contredisent le propos.  Voici que quelqu’un passe dignement avec pour coiffure un palmier sur la tête, précédant une jeune fille qui a revêtu son gilet de sauvetage, un autre lui succède brandissant un panneau sur lequel se lit en grosses lettres le mot « TSUNAMI » Il est suivi d’un garçon en robe de mariée. Défilé au cours duquel on chantonne et on danse dans l’esprit de cette vieille chanson « tout va très bien Madame la marquise, on déplore un tout petit rien » Minimiser la catastrophe pour continuer à s’adonner au plaisir, un avertissement plein d’humour adressé à ceux que nous représentons les spectateurs conscients mais qui se contentent de regarder, sans rien faire, les calamités-spectacles.

La suite ne va pas démentir ce point de vue.  La maitresse de cérémonie introduit l’enquêteur, celui qui s’inquiète de ne pas trouver alors qu’ils sont nombreux, les réfugiés climatiques, les déplacés. Toujours avec empressement, il va interviewer le chinois Lee qui, en tenue traditionnelle, pantalon court et veste rouge, l’air accablé, raconte sa vie, les années Mao, la longue marche, l’armée, les guerres. Le journaliste est dépassé, une voix off derrière l’écran parle de la sécheresse, des inondations. Lee s’en va alors que l’enquêteur se colle à l’écran pour écouter et finit par y pénétrer.

Pour la suite, dans l’ombre, derrière la cloison, avec une lampe de poche, il se met à la recherche de gens et on s’aperçoit que ce sont des SDF. L’explication, c’est qu’il est question de se rapprocher des villes car si l’on fait exploser les montagnes, si on construit des barrages, les gens doivent quitter les villages. Le « Grand Etat » commande à la police de faire partir les villageois et ceux-ci se retrouvent sans terre et sans ressource. Cette séquence est illustrée par des projections de paysages de la Chine.

Et puis soudain nous nous acheminons vers une séquence insolite. Pour nous signifier la fonte des glaciers et la probable disparition des espèces qui y vivent, voilà que nous sommes bousculés par les comédiens qui ont revêtus des costumes d’ours polaires et qui nous obligent à quitter nos sièges pendant que l’ensemble des installations est promptement déménagé et qu’on voit la paroi qui nous fait face se rapprocher de nous, diminuant notre espace vital. Puis elle devient transparente et nous avons la surprise d’apercevoir en face de nous le « cabaret » reconstitué où ce sont les comédiens qui jouent les spectateurs que nous avons été.

A bon entendeur salut. Fin de partie. Mais la leçon est bien envoyée et a des chances de porter.

Un spectacle intelligent et ludique, avec de jeunes acteurs très impliqués dans leurs rôles, pour en finir, peut-être, avec le confort de l’Occidental face au dérèglement climatique qui impacte dangereusement la nature et tous les êtres vivants.

Représentation du 6 novembre


Quatrième mise en scène de « La Taïga court », celle intitulée « Image(s) de Terre » signée Mathilde Waeber du Groupe 47 de L’Ecole du TNS., assistée d’Elsa Revcolevschi, metteure en scène du groupe 48, la dramaturgie est signée Alexandre Ben Mrad


Nous nous retrouvons de part et d’autre d’un long plateau en bois, surélevé par rapport à notre position de spectateurs et au- dessus duquel est installée une suspension métallique composée d’anneaux rivetés. Côté jardin sont disposés des tas de briques, côté cour, le tas a déjà l’air d’une petite construction (scénographie Constant Chassai-Polin).

Deux actrices et deux acteurs, Hameza El Omari, Naïsha Randrianasolo, Cindy Vincent et Sefa Yeboah, tous vêtus de blanc (costumes Jeanne Daniel Nguyen) déambulent autour du plateau avant, l’un après l’autre de l’escalader.

Commence alors un long travail de transport et de pose de briques, d’abord vers le centre du plateau, puis tout autour, des transports et des poses qui se pratiquent lentement, de façon précautionneuse et qui exigent une sorte de retenue, de délicatesse. Les comédiens se prêtent à cette forme d’expression corporelle qui s’apparente à une chorégraphie (préparation performance et corps Jean-Gabriel Manolis, danseur performeur intervenant extérieur). Le fond sonore est une sorte de brouhaha qui s’amplifie au fur et à mesure que la construction avance (son Arthur Màndo). 

Au début le travail se fait sans que personne ne parle. Puis la parole se met à circuler. Alors que le brouillard se dissipe et que tout s’écroule dans un grand fracas, quelqu’un dit « ça manque de définition ». Puis chacun, chacune prend en charge le texte de la pièce que nous reconnaissons pour l’avoir entendu dans les mises en scène vues précédemment. La peur des ouragans qui empêche de dormir nue, l’évocation de ce qui s’est passé en Chine, des montagnes bouffées par le progrès qui exige des autoroutes et chasse les gens de leurs villages tenus d’abandonner leurs champs. Il est question des réfugiés climatique, des déplacés nombreux mais dont on nous dissimule l’existence, d’où cette question récurrente « où sont-ils ? » Pour évoquer tous ces problèmes les comédiens prennent des mines graves, certains, assis sur les briques écoutent celui ou celle qui raconte et mime la détresse de ceux qui subissent, impuissants les méfaits de ces grands travaux, que sont, entre autres, la construction des barrages, l’installation des chemins de fer. Simultanément, une jeune femme travaille avec patience et détermination à colmater avec de la terre glaise les brèches de la petite sculpture, située côté Cour de la scène pour réaliser ce que la metteure en scène  appelle  dans sa présentation une imitation  des « Giant-s Causeway ,architecture naturelle présente en Irlande », une élaboration qui semble défier les destructions partout annoncées et dont l’imminence sera bientôt confirmée quand un des comédiens s’emparant du micro , s’adressant directement au public déclamera haut et fort, avec force gestes, en les énumérant, les catastrophes qui guettent le monde : Les eaux qui montent, les glaciers qui fondent  et tout ce qui en est impacté, citant  dans un inventaire à la Prévert la neige, les sources, les mousses, les chouettes, les lacs…

Un travail pertinent qui se veut avertissement avec des jeunes artistes bien déterminés à faire passer le message.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 8 novembre

En conclusion, ces quatre mises en scène  constituent une expérience enrichissante autant pour les élèves de l’Ecole que pour nous spectateurs curieux  de découvrir les différentes interprétations d’un même texte.