Par les bords

Renaud Herbin

Après la prise du pouvoir par les Talibans, les Afgans se sont
trouvés pris au piège d’une idéologie très contraignante,
discriminant les femmes et les artistes. Leur détresse ne laisse
personne indifférent et surtout pas  le directeur du TJP-CDN,
Renaud Herbin qui fit tout son possible pour en accueillir
quelques -uns.

A partir de cette situation, il a élaboré avec la complicité de trois
artistes remarquables un spectacle au titre évocateur « Par les Bords« .
C’est au danseur et performeur Jean-Baptiste André qu’il a confié ce
jeu de scène très pertinent.

Dans le rectangle matérialisé sur le plateau celui-ci va se mouvoir de
façon exemplaire, se roulant sur le sol, allant d’un côté à l’autre en
laissant son corps se déséquilibrer avant de se retrouver sa
verticalité à l’image de ce que l’exil produit d’incertitude pour le
corps comme pour l’esprit. Ainsi se tient-il dans une fragilité
constante, marchant sur les bords  étroits du rectangle, avant de
retomber vers le centre toujours dans ce mouvement d’instabilité.

Accompagné par le oud de Grégory Dargent, il poursuit son
exploration de l’incertitude d’un monde qu’il a dû quitter pour celui
qu’il doit maintenant découvrir. Les sons du oud évoquent cette
distance, cette nostalgie, cette inquiétude qu’il veut signifier. Et puis
il y a la voix merveilleuse de Sir Alice qui dit et chante les poèmes
que les circonstances  ont inspirés à Renaud Herbin et qui expriment
avec sensibilité ce drame de l’exil.

Une forme de reconnaissance et de témoignage  très en phase avec
les drames que connaissent bien des populations sur notre terre.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 5 mars auTJP-CDN