Tous les articles par hebdoscope

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#Lecturesconfinement : Le dépaysement de Jean-Christophe Bailly par Olivier Bleys

Qu’est-ce qu’un bon livre de
géographie ? C’est, joli paradoxe, un
livre qui donne envie de le refermer. 

Non par lassitude ou par désintérêt,
mais pour lacer ses chaussures et
mettre ses pas dans ceux de Jean-
Christophe Bailly. 

Ce grand lecteur du paysage et des
hommes sait rendre comme
personne l’intimité d’un territoire.

Il décrit la France tantôt d’en haut,
tantôt d’en bas, dans l’ensemble et dans le détail, comme s’il adoptait
les points de vue alternés de l’oiseau et du mille-pattes. 

Dans une langue admirable, riche et secrète comme une source en
forêt, l’écrivain nous abreuve de ses voyages, de ses lectures, de ses
méditations.
À lire et à relire jusqu’à plus soif.

 
Olivier Bleys, écrivain – marcheur, poursuit un tour du monde à pied par étapes qui vient d’atteindre Moscou.

Il vient de publier La leçon du brin d’herbe aux éditions de la
Salamandre

Le dépaysement de Jean-Christophe Bailly (Seuil)
par Olivier Bleys

#Lecturesconfinement : La Harpe Hagarde, ou Mr Earbrass écrit un roman d’Edward Gorey par Franck Bouysse

Je n’ai rien lu de plus libre, parfois
cynique et désespérément drôle
sur le monde littéraire, la création démystifiée. Et cette phrase tirée
du livre, que je trouve d’une
fulgurante justesse pour définir
l’auteur: «  Il est de ceux à qui jamais
rien n’arrive; peut-être en sera-t-il
autrement lorsqu’il sera de l’autre
coté. 
»
Franck Bouysse est écrivain. Son
roman Né d’aucune femme (La
Manufacture de livres) a remporté
le prix des libraires et le Grand prix des lectrices Elle en 2019.
Dernier livre paru : Buveurs de vent (Albin Michel)

La Harpe Hagarde, ou Mr Earbrass écrit un roman
d’Edward Gorey
(Le Tripode)
par Franck Bouysse

#Lectures confinement : Patagonie route 203 d’Eduardo Fernando Varela par Evelyne Bloch-Dano

Impossible de voyager ? Avec le
roman de Varela nous parcourons
en tous sens les paysages
extraordinaires de la Patagonie, au
côté de de Parker, ancien
saxophoniste de Buenos Aires
devenu camionneur. Que
transporte-t-il ? Nous ne le saurons
jamais.  Avec lui, la géographie se
conjugue à tous les temps, des
hameaux perdus surgissent de nulle
part, des personnages burlesques et
désespérés semblent tourner en
rond comme le train fantôme d’une
fête foraine, et l’amour pourrait bien être une illusion de plus. Ce
road-trip vertigineux vous happe et vous emporte avec lui au bout
du monde, et un peu plus loin…
Evelyne Bloch-Dano est écrivain et membre du jury du prix Femina.
Dernier ouvrage paru : Mes maisons d’écrivains (Stock)
Patagonie route 203 d’Eduardo Fernando Varela (Métailié)
par Evelyne Bloch-Dano

#Lecturesconfinement : L’Enfant céleste de Maud Simonnot par Aude Cirier-Gouraud

Dans un roman à deux voix, Maud
Simonnot dépeint avec une rare
justesse et sensibilité l’histoire de
Mary et de son fils Célian : l’une,
blessée par une rupture
amoureuse, l’autre, enfant rêveur,
curieux, qui peine à trouver sa
place dans le système scolaire –
enfant à part, si lumineux, enfant
céleste.

À la brutalité du monde qui les
entoure et les assaille, les fait
souffrir sans les comprendre,
Mary oppose une fin de non-recevoir. Avec ce petit garçon qui lui
ressemble tant, elle part en quête d’un abri, et c’est sous le ciel de
l’île de Ven en mer Baltique que le duo se réfugie. Sur cette île
préservée, terre de l’astronome Tycho Brahe qu’ils connaissent et
admirent tous deux, et de son observatoire splendide, Uraniborg, le
temps paraît suspendu. En parcourant forêts et rivages, en
observant le ciel scandinave, les plaies se pansent tandis que les
rencontres (un Des Esseintes, un géant du nom de Björn,
Shakespeare et Hamlet en trompe-l’œil…) leur offrent une destinée
nouvelle.

D’une écriture sensuelle et délicate, teintée des nuances nordiques
qui rappellent les textes de Jón Kalman Stefánsson, ce premier
roman, aux confins de la poésie et de la philosophie, est une ode à la
beauté du cosmos et de la nature, une ode à l’amour maternel
inconditionnel, une ode à la vie et à la quête de sens.
Aude Cirier-Gouraud est la directrice éditoriale de la collection
Quarto de Gallimard
L’Enfant céleste de Maud Simonnot (Editions de l’Observatoire)
par Aude Cirier-Gouraud

#Lecturesconfinement : La petite dame en son jardin de Bruges de Charles Bertin par Sophie Benech

C’est un petit récit qui n’est plus tout
jeune, comme son héroïne (il est paru
chez Actes sud en 1996), mais qu’on
peut lire et relire sans se lasser, il
suscite toujours la même émotion, le
même émerveillement. 
Il parle du début des années trente,
d’un jardin de Bruges et de la relation
d’un petit garçon avec sa grand-mère.
Dépositaire des rêves de cette vieille
dame « à qui une grâce initiatique
personnelle avait accordé le pouvoir
d’entretenir commerce avec les
puissances de l’invisible » et dont « la mémoire a continué de briller en (lui) comme une petite lumière », l’auteur nous plonge dans le monde de son enfance et fait revivre à la fois le petit garçon qu’il est toujours resté au fond de lui, et une grand-mère dont l’originalité, la liberté intérieure et un sens inné de la poésie ont à jamais marqué sa vision du monde.

Tout cela est raconté avec humour dans une langue superbe et
délicate. C’est un petit chef-d’œuvre qui sait évoquer les beautés les
plus secrètes, les plus intérieures et les plus authentiques, que ce
soit celles de la nature ou celles des êtres.

Sophie Benech est la traductrice entre autres de Ludmila Oulitskaïa,
Svetlana Alexievitch et Varlam Chalamov mais également éditrice
(éditions interferences)
 La petite dame en son jardin de Bruges de Charles Bertin (Actes sud)
par Sophie Benech

#Lecturesconfinement : Une maison faite d’aube de N.Scott Momaday par Francis Geffard

Riche en images et scènes d’une grande
beauté, Une maison faite d’’aube, le
roman
 de N. Scott Momaday, premier
écrivain amérindien à recevoir le prix
Pulitzer, 
réconcilie la littérature moderne
avec le sens du sacré, et impose
l’universalité de 
la condition humaine
dans un style empreint de lyrisme et de
poésie.

« Dans un pays très ancien, que l’on
disait éternel, il y avait une maison faite d’aube, de pollen et de
pluie. La plaine resplendissait des reflets miroitants des argiles et
des sables et les collines alentour étaient multicolores. C’était un
pays fort et tranquille. Tout y était beau. »

Francis Geffard est éditeur de la collection « Terres d’Amérique »
chez Albin Michel

Une maison faite d’aube
de N.Scott Momaday (Albin Michel)
par Francis Geffard

#Lecturesconfinement : Nickel Boys de Colson Whitehead par Jean-Michel Guenassia

Nickel Boys de Colson Whitehead
est le meilleur roman que j’ai lu
cette année. Colson Whitehead
nous raconte l’histoire d’Elwood,
un jeune afro-américain, volontaire
et doué, qui va entrer à l’université
et dont l’avenir s’annonce radieux,
mais qu’un caprice du destin va
faire basculer dans l’enfer d’une
maison de redressement. Car nous
sommes en Floride au début des
années 60. Un autre monde, une
autre époque.

Le grand mérite de Colson Whitehead est de nous raconter cette
histoire sans pathos,  ni effets, et cette narration au plus près des
personnages est d’une redoutable efficacité. On est embarqué et
captivé de bout en bout. Mais l’immense talent de cet auteur est
d’avoir osé et réussi, dans la dernière partie du texte, un coup de
théâtre exceptionnel, un de ces fameux twists si rares dans les
romans français, et qui va nous emporter au-delà de la simple
lecture d’un bon roman et donner à Nickel Boys une dimension
mythique qui bouleversera le lecteur. Colson Whitehead avait
obtenu le prix Pulitzer pour son précédent roman, Underground
Railroad
, et il a obtenu un deuxième Pulitzer pour Nickel Boys, tout
aussi mérité.
Jean-Michel Guenassia est écrivain. Son roman Le Club des
incorrigibles optimistes
 a obtenu le prix Goncourt des lycéens en
2009. Dernier ouvrage paru : De l’influence de David Bowie sur la
destinée des jeunes filles
 (Albin Michel, 2017)
Nickel Boys de Colson Whitehead (Albin Michel)
par Jean-Michel Guenassia

#Lecturesconfinement : Les grands jours de Pierre Mari par Laurent Pfaadt

Dès les premières pages, une sorte
de fatalité, d’épilogue funèbre
semble se dégager de ce livre. On
entre avec les poilus dans ce bois des
Caures comme dans un tombeau
sans issue. Le bois des Caures ouvre
la bataille de Verdun. 80 000 obus y
furent déversés, transformant les
arbres en lances et les hommes en
fétus de paille si bien que le bois des
Caures devint « le bois des corps ».
Avec une langue absolument sublime,
Pierre Mari dessine une atmosphère
mystique où fureur et violence côtoient calme et beauté. On se croirait dans la Ligne rouge de Terence Malick. Au milieu se dresse la haute figure du lieutenant-colonel Driant, ce Léonidas moderne, prêt à entrer avec ses
hommes, en ce jour de panthéonisation de Maurice Genevoix, dans
la légende des siècles.

Les grands jours
de Pierre Mari (Fayard)
par Laurent Pfaadt

#Lecturesconfinement : Ténèbre de Paul Kawczak par Jean-David Henninger

Navigation furieuse au nord du
Congo belge, «Ténèbre» prend le
sillon de Joseph Conrad et vous
entraîne dans un trip d’aventures
moites, une histoire d’amour
chinoise, un roman noir fiévreux,
une leçon d’histoire anticoloniale,
dans un style classique et cru, une
grande découverte !

Jean-David Henninger, librairie La
Marge à Haguenau (67500)
Ténèbre de Paul Kawczak (La Peuplade)

par Jean-David Henninger

#Lecturesconfinement : Moby Dick d’Hermann Melville par Stéphanie Hochet

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

Pourquoi le confinement est-il le
moment idéal pour lire (ou relire)
Moby Dick ?

Parce que ce livre-fleuve est un roman
total. Prenez l’incipit, elle est
d’anthologie. Une des plus belles
ouvertures de roman. Melville raconte
pourquoi l’homme est toujours
irrémédiablement attiré par la mer,
pourquoi tout dans l’inconscient
humain le mène à l’océan. Et ce début
vous ensorcèle par son rythme, son
roulis merveilleux. Et puis il y a
l’aventure, le grand départ du
narrateur sur le Pequod, le célèbre baleinier. Rien n’est plus exaltant
qu’un voyage littéraire. Autre pépite : le personnage d’Achab. Un
homme si parfaitement ténébreux qu’il semble sorti de la cuisse du
diable en personne. Melville donne vie au mal, parce qu’il croit que le
mal existe, qu’il prospère sur terre ou mer. Il est un écrivain
mystique, un visionnaire. Last but not least, la bête, la très désirée
créature des océans que les hommes poursuivent avec
acharnement, la baleine ou plutôt le cachalot blanc, Moby Dick. La
star se fait désirer, ce n’est pas un animal d’élevage, un bestiau de
compagnie, c’est la sauvagerie pure, la colère de la nature incarnée.
Et face à lui, tout lecteur restera bouche bée.
Stéphanie Hochet est écrivaine et journaliste notamment pour le
magazine Lire/Magazine littéraire.
Dernier livre paru : Pacifique (Rivages)

Moby Dick
d’Hermann Melville (Folio)
par Stéphanie Hochet