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Regionale21 – E-Werk Freiburg

Donnerstag 18. März – So 23. Mai 2021
Galerie 1: Emeka Udemba

#Another day in Paradise

An der „Regionale21“ zeigt Emeka Udemba die neue Installation 
#Another day in Paradise mit raumgreifender Malerei und Objekten
Ausgangspunkt ist seine Erfahrung, als Schwarzer in Deutschland zu
leben und aufgrund der Hautfarbe oftmals als Anderer
abgestempelt zu werden. Die Porträts sind von einer Art collagierter
Schleier überzogen, der die verstellte Wahrnehmung thematisiert.
Die mit Spiegelscherben beklebten Kapuzenobjekte spiegeln den
Blick und die von ihm ausgehenden Machtstrukturen.

Galerie 2:

Künstler*innen: Nadine Cueni (CH), Daniel Dressler & Lynne
Kouassi (CH), Jasper Simeon Mehler (CH), Paula Mierzowsky &
Johann Diel (DE), Björn Nussbächer (CH), Julian Salinas (CH), Lea
Torcelli (DE), Florian Thate (DE), Jodok Wehrli (CH)

Songs From the End of the World

Unsere Gegenwart ist nicht nur von einer Pandemie bestimmt,
sondern sie muss sich auch mit den drohenden ökologischen
Desastern stellen. Es scheint, dass wir aktuell die vielfältigen
Symptome eines grundsätzlichen Wandels verspüren. Die an der
„Regionale21“ gezeigten Positionen beschäftigen sich mit Themen
des Übergangs, der Transformation oder der Auflösung. Einige
versuchen, Reflexions- und Handlungsräume zu schaffen für
mögliche Wege in die Zukunft.

Öffnungszeiten

Do/Fr 17-20 Uhr, Sa 14-20 Uhr, So 14-18

Es gelten die allgemeinen Abstands- und Hygienemaßnahmen.
Terminbuchung erforderlich – online über unsere Homepage.

Galerie für Gegenwartskunst, E-WERK
http://www.gegenwartskunst-freiburg.de

Miserere

Arvo Pärt est très certainement l’un des plus grands compositeurs
vivants. Son énorme production placée sous le signe du mysticisme
et de la méditation explose littéralement dans ce Miserere. De cette
œuvre musicale composée d’après le Psaume 51, « Miserere mei,
Deus »« Ô Dieu, aie pitié de moi », tout le monde a en tête la version
d’Allegri. Mais celle d’Arvo Pärt, composée initialement en 1989 et
révisée en 1992, n’a rien à envier à son lointain modèle, bien au
contraire.

Dotée d’une puissance émotionnelle absolument prodigieuse portée
par un orchestre très inspiré et qui fait oublier la version de
référence du Hillard Ensemble, cette version du Miserere, œuvre
que Nanni Moretti utilisa dans son film Habemus Papam est
véritablement portée par la grâce. Le caractère minimaliste de son
écriture, loin d’appauvrir l’œuvre, la transcende au contraire,
produisant un effet émotionnel similaire à celui de la troisième
symphonie de Górecki. Quant à son Dies Irae, il est bienveillant,
impérieux sans être punitif.

Une œuvre à posséder assurément dans sa discothèque.

Par Laurent Pfaadt

Arvo Pärt, Miserere, Chor des Bayerischen Rundfunks, Münchner Rundfunkorchester, dir. Howard Arman
Chez BR Klassik

Brejnev, l’antihéros

Leonid Brejnev adorait le théâtre. Et la pièce dont il fut le principal
acteur s’apparenta tantôt à une honteuse tragédie, tantôt à une
comédie pathétique. C’est ce que montre à merveille cette première
biographie française du leader soviétique signée Andreï Kozovoï,
maître de conférences à l’université de Lille. Pour quelle raison
Brejnev ne suscita que peu d’intérêt parmi les chercheurs français ?
Parce que coincé entre le turbulent Khrouchtchev et le réformateur
Gorbatchev ? Parce que son époque ne vacilla pas comme à Cuba en
1962 ou à Berlin en 1989 ? Parce que Brejnev incarna parfaitement
l’antihéros, objet des blagues les plus grotesques et symbole du
discrédit moral de l’URSS ? Peut-être pour toutes ces raisons à la fois
finalement.

Dans ce grand théâtre cynique et sanglant que fut le 20e siècle,
Leonid Brejnev demeura longtemps dans la coulisse. Modèle de
l’apparatchik ayant réussi à passer entre les gouttes des purges, il
rejoignit la cour d’un autre ukrainien, Nikita Khrouchtchev qu’il
trahit lors de la révolution de palais d’octobre 1964 qui le porta au
pouvoir. Grâce à des archives inédites, l’auteur nous fait ainsi revivre
presque heure par heure, au sein du Poliburo, cet évènement majeur
du 20e siècle.  

Fin politique, Brejnev installa une gouvernance faite de népotisme
où l’on retrouva des membres de sa famille et de la « mafia de
Dniepropetrovsk » c’est-à-dire de fidèles à lui, au sein d’un système
qualifié de « culte de la personnalité sans personnalité ». En fait, celui-ci
s’apparenta à un conservatisme qui ne dit pas son nom où les écarts
avec le dogme soviétique ne furent pas tolérés. Prague en 1968 ou
les dissidents en firent ainsi les frais. Mais l’inadaptation de ce
conservatisme avec le monde de la deuxième partie du 20e siècle
accéléra la chute du régime soviétique. Déclin économique
irrattrapable, décisions géopolitiques hasardeuses comme en Afghanistan, Brejnev restera bien dans l’histoire comme le fossoyeur
de l’URSS. Et le ciment du mythe de la grande guerre patriotique
dont il usa ne parvint pas à éviter l’effondrement du système.

Le lecteur assiste ainsi en même temps aux dérives à la fois d’un
système et de l’esprit d’un homme. En s’appuyant sur les carnets
personnels de Brejnev dont il démêle en historien averti le vrai du
faux, la réalité du mythe et en croisant d’autres sources inédites et
passionnantes – comme celles de la répression de l’insurrection de
Budapest en 1956 –  Andreï Kozovoï nous montre combien Brejnev
personnifia l’enfermement d’un système qui finit par pourrir de
l’intérieur.

Par Laurent Pfaadt

Andreï Kozovoï, Brejnev, l’antihéros
Aux éditions Perrin, 400 p.

The White Darkness

Après l’humidité de la jungle, le froid polaire. Mais quel que soit
l’environnement, il se trouvera toujours des hommes intrépides ou
fous pour s’y confronter, s’y perdre. Voilà en substance ce qui attend
le lecteur en s’embarquant dans ce nouveau voyage au cœur des
ténèbres. Après La Cité perdue de Zla Note américaine et le Diable et
Sherlock Holmes, le nouveau récit magistral de David Grann nous
emmène sur les traces d’Henry Worsley, aventurier moderne de
l’Antarctique.

Fervent admirateur de l’explorateur britannique Ernest Shackleton
qui mena de nombreuses expéditions dans l’Antarctique jusqu’à
collectionner les effets personnels de ce dernier et descendant de
l’un des compagnons de l’expédition Endurance que Shackleton
mena en 1914, Henry Worsley effectua une brillante carrière dans
les commandos d’élite de l’armée britannique avant que le démon de
l’expédition polaire ne le rattrape. Très vite, avec d’autres
descendants de compagnons de Shackleton, Worsley monta lui-
aussi une expédition au Pôle Sud sur la base de celle de son illustre
modèle qui renonça à atteindre le Pôle Sud pour préserver la vie de
ses hommes. Les pages relatant ainsi, à un siècle d’intervalle, les
expéditions de Shackleton et de Worsley sont, comme toujours avec
Grann, haletantes. Les chutes dans les crevasses, la titanesque
ascension du glacier Beardmore ou les vents coupant comme des
rasoirs entretiennent le suspens. La mort est omniprésente car «
l’Antarctique a deux façons de vous ôter la vie (…) Elle vous use sur une
longue période en vous faisant peu à peu mourir de faim, de froid ou
d’épuisement (…). Ou elle vous jette dans la gorge d’une crevasse en une
fraction de seconde » relate ainsi Henry Worsley. Les figures
disparues de l’exploration polaire dont celle de Robert Falcon Scott
qui mena lui aussi une expédition vers le Pôle sud en 1912 et la
mythologie du Pôle sud ajoutent à la dramaturgie, rendant ainsi plus
palpitant encore l’exploit de Worsley et de ses compagnons.

Mais le grand intérêt du livre vient après, lors de ce point de bascule
entre quête et obsession. Henry Worsley, acclamé comme un grand
explorateur des pôles réunissant des fonds importants pour des
œuvres caritatives, veut aller plus loin, dans l’exploit, dans l’effort,
dans l’absolu. Pourquoi ? Pour voir « son âme à nu » comme il l’écrivit
lui-même. A cet instant, la littérature du journaliste américain
excelle une fois de plus à rendre compte de ces ténèbres, ceux qui
traversent le cœur des hommes. Worsley vient de rejoindre Percy
Fawcett, tous deux prisonniers de leurs propres obsessions. A un
siècle d’intervalle, les deux hommes ne vécurent que pour cela.
Leurs proches furent sacrifiés, la vie quotidienne ne compta plus.
Enfermé dans leurs rêves destructeurs, ils n’ont eu, sans se l’avouer,
d’autres horizons que la mort. Ce fut le prix à payer voir son âme à
nu dans la blanche obscurité. 

Par Laurent Pfaadt

David Grann, The White Darkness
éditions du sous-sol, 160 p.

Dernières nouvelles et autres nouvelles

L’écrivain californien a le don de se trouver là où on ne l’attend pas.
Et pour ce recueil de nouvelles qui se veut le dernier de sa longue et
fascinante production, il nous emmène au pays des morts. Préparez-
vous donc à côtoyer goules, sorcières, vampires et autres fantômes.  
De cette Europe qu’il a sillonnée à Kyoto et cette merveilleuse
nouvelle qui voit une Geisha transformée en cerisier en passant par
le Mexique, ces trente-deux nouvelles nous conduisent de
cimetières en lieux hantés mais plus étrangement parmi les vivants,
parmi nous. Et si le lecteur prend plaisir à suivre les traces de
l’écrivain, chaussant ses bottes littéraires dans celles,
incommensurables, des frères Grimm ou des romantiques
gothiques, la grande force de ces nouvelles tient avant tout dans le
rapport, le calque dirions-nous, que projette Vollmann sur les
vivants.

Ici, les monstres ne sont que des avatars qui servent à questionner
nos représentations. Dans ce carnaval macabre au sein duquel
William T. Vollmann règne, depuis ses débuts en littérature, en grand
ordonnateur, les personnages ne cessent d’interpeller les lecteurs
en les confrontant à leurs hypocrisies collectives. Les morts, qui
n’ont plus rien à perdre, surtout pas la vie et libérés de leurs statuts
sociaux et de leurs postures civilisationnelles, viennent ainsi
questionner nos convenances sociales et leurs futilités.

Magistralement construit (comme à chaque fois), le récit de
l’écrivain s’insinue dans les interstices de cette violence qui
constitue le ciment des rapports humains. La mort, l’assassinat et
même le sexe, ne sont que l’aboutissement de la grande œuvre de
tout humain, celle qui le voit, à chaque étape de sa vie, domestiquer
la violence. Dans ces pages, ceux que nous appelons monstres,
viennent nous rappeler qui nous sommes réellement. Mais loin
d’être un réquisitoire morbide, ce livre est avant tout une
introspection. Car ces vampires et fantômes interrogent nos
rapports à la vie, aux autres et au monde. La mort comme le sexe ne
sont-ils pas en définitive nos derniers espaces de liberté ? Vollmann
semble en tout cas le penser. Et à cet instant, le lecteur se met à
danser avec les morts. Le carnaval n’est-il pas avant tout une fête ?

Par Laurent Pfaadt

William T. Vollmann, Dernières nouvelles et autres nouvelles
Chez Actes Sud, 896 p.

L’exil et le rêve d’un royaume

Ce sont des bateaux que l’on regarde partir
de Christophe Fourvel

L’auteur anime des ateliers d’écriture accueillant notamment des
allophones, beaucoup étant des migrants d’hier et d’aujourd’hui, et
même d’avant-hier. Il a ainsi collecté la parole d’une quarantaine
d’entre eux. Des textes fragments évoquant leur vécu d’ailleurs et
d’ici, illuminés par moments d’une saillie tranchante ou renversante
comme celle d’Omassad : Le monde est un pays aux serrures
compliquées où tout est rouillé sauf le ciel. (p. 35)

Les textes courts – souvent juste un paragraphe – s’enchaînent
esquissant un paysage humain où se mêlent les origines et les
générations. Des itinéraires, des vies qui glissent de là-bas vers ici, se
posent, la plupart du temps, dans de petites villes. Des destinées
semblables fuyant un printemps arabe ou le génocide arménien, et
qui viennent de l’Est, des Balkans, d’Afrique ou d’Asie… Leurs paroles
plurielles disent la récurrence de ce chemin d’exil, une composante
éternelle de notre (in)Humanité.

Les confessions s’inscrivent dans l’enfance, scandent l’impérieuse
nécessité du départ bien plus que l’envie. Ce : Il nous fallait juste partir 
résonne d’une bouche à l’autre, même si la guerre, les violences, la
pauvreté sont invoquées. Leurs récits n’insistent guère sur les débris
d’images concassées par la peur, les patrouilles, les armées arrogantes ou
ivres (p. 86), préfèrent s’attarder sur leurs vies neuves avec la
perspective d’un accomplissement.

Un univers littéraire et poétique dont l’auteur agence les fragments
en citant l’Iliade et l’appel de ses aèdes sous les murs de Troie, en
élargissant les perspectives afin que sa voix d’écrivain amplifie la
matière sensible de ces hommes, ces femmes, car la vie pèse
beaucoup plus lourd que la littérature (p. 14). L’exilé trouve ainsi une
humanité et une identité grâce à ses propres mots : il ne sera
personne avant son récit, sinon Il est une allégorie, un symbole, une pré-
histoire que l’on s’illusionne de connaître. (p. 102)

Au fil des pages, l’unité nait de cette diversité et l’écriture tout en
délicate broderie de Christophe Fourvel nous mène dans l’intimité
de ces frères et sœurs humains avec la conviction que cette
proximité fera tomber le mur des préjugées : Essayer d’être raciste
avec de tels groupes d’humains, vous n’y arriverez pas. (p. 86)

par Luc Maechel

chez médiapop éditions, nov. 2020, 141 p.
Collection Ailleurs

Invité du mini-Festival du livre de Colmar mis en ligne
du 22 au 27 février,
Christophe Fourvel est interviewé par Jacques Fortier
en compagnie de Marion Muller-Colard (Wanted Louise, Gallimard) 

Schloss Karlsruhe

Kroninsignien und Jugendstil

Das Badische Landesmuseum stellt sein Jahresprogramm vor

Prof. Dr. Eckart Köhne, Direktor © Badisches Landesmuseum,
Foto: ARTIS – Uli Deck

Fürstlich wird sich das seit der Nachkriegszeit als modernes
Museum genutzte Karlsruher Schloss in seinem Erdgeschoss
präsentieren, sobald sich die wegen der Pandemie geschlossenen
Türen wieder für das Publikum öffnen. Die neu eingerichtete
Ausstellung „Schloss und Hof“ zeigt nach aufwendiger
Restaurierung Pracht und Eleganz früherer Zeiten. Ihr Herzstück ist
das Thron-Ensemble der badischen Großherzöge mit Hockern,
Säulen-Kandelabern und einem in über drei Metern Höhe
angebrachten Baldachin. Das durch Blattgold, Brokat und Seide
glänzende Ensemble stammt aus dem Jahr 1838, als Großherzog
Leopold den im Obergeschoss des östlichen Mittelbaus gelegenen
Thronsaal neu möblieren ließ. Zu den Kroninsignien gehört ein 
Zepter, das Juweliere 1811 aus einem um 1625 in Siebenbürgen
gefertigten Streitkolben umgestalteten, indem sie ihn vergoldeten,
mit Diamanten besetzten und seinen Knauf durch eine filigrane
Krone ersetzten. Eine Fürstengalerie zeigt 14 Bildnisse, beginnend
mit Stadtgründer Karl Wilhelm bis zum 1918 abgedankten
Großherzog Friedrich II. und ihren Gattinnen. Zudem vermittelt ein
großes Modell einen Eindruck von der Architektur des Schlosses
und der Geometrie der barocken Planstadt Karlsruhe. 

Alfons Mucha, „La Nature“, Paris, 1899/1900, Badisches Landesmuseum
© Badisches Landesmuseum, Foto: Schoenen

Die Zeit um 1900 und ihre Frauengestalten sind Thema der großen
Sonderausstellung „Göttinnen des Jugendstils“, die für Mitte
Dezember geplant ist. In Kooperation mit dem Allard Pierson
Museum Amsterdam und dem Braunschweigischen Landesmuseum
beleuchtet die Schau gleichermaßen Kunst- und Sozialgeschichte
mit Leihgaben internationaler Jugendstil-Sammlungen wie den
Königlichen Museen in Brüssel. Zu sehen sind Werke unter anderem
von Gustav Klimt, Franz von Stuck, René Lalique, Jan Toorop und
Aubrey Beardsley, aber auch die von Alfons Mucha für die Pariser
Weltausstellung 1900 geschaffene Büste „La Nature“ aus dem
Bestand des Museums in Karlsruher, wo sie allerdings länger nicht
mehr ausgestellt war. 

Jeweils bis zum 6. Juni verlängert werden die preisgekrönte
Familienausstellung „Räuber Hotzenplotz“ sowie die
Studioausstellung „Humanimal – Das Tier und Wir“. Zudem bringt
das Museum seine digitalen Formate weiter voran, unter anderem
ermöglicht das neue App-Format „Mein Objekt“ eine individuelle
Begegnung mit Sammlungsstücken, und durch den Einsatz
Künstlicher Intelligenz wird das digitale Tool iCurator entwickelt,
mit dem Nutzerinnen und Nutzer museale Inhalte selbst
zusammenstellen können. Das Keramikmuseum Staufen, eine
Zweigstelle des Badischen Landesmuseums, zeigt bis Ende
November „Die wilden 70er – Freiheit in Farbe und Form“ – damals
waren italienisches Design und experimentelle Glasurschöpfungen
in der Keramik besonders angesagt.

Von Anja Frisch

Musée Unterlinden

Stabat Mater « divin poème de la douleur » selon Bellini

Karen Barbaux, soprano finaliste du Concours Voix Nouvelles et membre du Choeur

Le Musée Unterlinden accueillera un concert Le Stabat Mater
« divin poème de la douleur » selon Bellini du Chœur de Chambre
de Colmar-Alsace enregistré le 14 mars dans la Chapelle du Musée
et diffusé le 2 avril sur les réseaux sociaux. En ces temps de
fermeture des établissements culturels, ce concert au Musée,
permet à deux acteurs culturels d’imaginer une collaboration inédite
et fructueuse : le Musée Unterlinden, d’une part avec sa collection et
notamment son chef d’œuvre le Retable et le Chœur de Chambre de
Colmar, d’autre part, l’ensemble professionnel international parrainé
par Mireille Delunsch, l’une des artistes lyriques les plus
importantes de notre région. 

Être audacieux » Musique & peinture Pantxika de Paepe, directrice
du musée a sélectionné plusieurs œuvres représentatives issues des
collections du musée, en lien avec la thématique du Stabat Mater en
couvrant toutes les périodes stylistiques et allant, ouvertement,
jusqu’à l’art contemporain. En introduction au concert, la directrice
éclairera ainsi la thématique même du Stabat permettant au public
de mieux comprendre comment l’œuvre de Scarlatti s’intègre
pleinement dans un contexte socio-historico-artistique.

Cyril Pallaud, directeur musical du Choeur de Chambre de Colmar-Alsace

« Notre souhait pour la diffusion de ce concert était de s’entourer d’un
média régional de qualité, fortement implanté et spécialisé en musique
classique : Accent 4. Afin de correspondre parfaitement au lieu et au
format, le programme du concert annulé a été adapté – nous confie Lucie
Guati, administratrice de l’ensemble. La Crucifixion de Mathias
Grünewald et le jour du Vendredi saint sont des « figures obligées » qui
orientent nécessairement notre programmation vers des œuvres
musicales sacrées écrites sur ce sujet. Le choix d’un Stabat Mater, ce «
divin poème de la douleur » selon Bellini . qui n’est autre que le fil rouge de
la saison 2020/2021 du Chœur de Chambre de Colmar s’est imposé
comme une évidence. »

Faux poivre, Histoire d’une famille polonaise

Ecrire sur son passé ou sur ceux qui ont fait de vous ce que vous
êtes, avec leurs histoires tragiques,  leurs souffrances, n’est jamais
chose aisée. On en sort bouleversé, transformé. Comme le rappelle
l’essayiste autrichien Martin Pollack dans l’introduction de ce
magnifique livre: « Il n’est jamais facile d’écrire sur sa propre famille, sur
les êtres qui nous sont les plus proches, à qui nous devons une enfance
radieuse et heureuse grâce à l’amour dont ils nous ont entourés. Cet
amour exige notre reconnaissance – et notre loyauté, même si nous ne
partageons pas leurs idées. » Et lorsque cette émotion est adossée à
des questions éthiques, à des interrogations sur le sens à donner à
ceux qui traversent l’histoire sans la changer mais qui changent les
destins des êtres qu’ils engendrent, cela donne des livres qui font
date.

Faux poivre est à ranger dans cette catégorie. Monika Sznajderman
raconte ainsi la vie de sa famille polonaise où les branches juive et
catholique suivent des routes parallèles, chacune avançant
aveuglément ou consciemment au bord du précipice de ce 20e siècle
sanglant sans jamais se voir. Les uns seront décimés, les autres
subiront le déclassement. Grâce aux nombreuses photographies, le
lecteur s’attache très vite aux merveilleuses figures qui traversent
l’ouvrage notamment celles des grands-mères : Amelia, si libre, si
belle, assassinée lors d’un pogrom en 1941 et Maria, aristocrate
romantique comme sortie d’un roman de Romain Gary. Elles sont
rejointes par d’autres personnages, ce grand-père déporté à
Treblinka et Marek, ce père dont le livre n’est finalement qu’un long
dialogue bouleversant. « Pourtant, sur ces photos-là, intactes en
apparence, une ombre apparaît. Meme s’il ne s’agit pas d’une ombre
physique au sens littéral, mais de celle des temps qui se profilent, car nous
en savons davantage, car nous connaissons l’issue » écrit ainsi l’auteur.

Monika Sznajderman marche dans cette ombre avec ses mots
traversés tantôt par des moments de chaleurs, bucoliques, comme
ces étés à la campagne mais le plus souvent brisés par des orages
terribles et glaçants comme lorsque débute la Shoah et se déploie
cette indifférence, antisémite ou non, face au sort de ses voisins juifs
distants de quelques dizaines de kilomètres. Viens alors à l’esprit ces
mots de Valcav Havel, lorsqu’après la guerre, l’oncle Zygmunt est
torturé par les communistes : « Face au mal, il ne faut pas reculer même
si ce mal n’a pas d’abord été commis contre nous. Sinon notre indifférence
aux autres n’aura qu’une seule conséquence : l’indifférence des autres à
notre égard. »

A travers le récit de sa famille qui personnifie dans toute sa
complexité le drame de la Pologne contemporaine victime des deux
totalitarismes du 20e siècle, Monika Sznajderman nous rappelle que
la mémoire, celle que l’on doit aux autres et a fortiori à ceux qui nous
ont précédés, n’est jamais facile à construire. Qu’il nous faut
appréhender ce sentiment d’imposture, sortir de cette culpabilité à
raconter ces vies anonymes et si familières tout en évitant le
jugement et en singularisant ces existences. Suivre avec elle cette
ligne de crête au-dessus des précipices de l’histoire est un privilège
littéraire autant qu’une leçon.

Par Laurent Pfaadt

Monika Sznajderman, Faux poivre, Histoire d’une famille polonaise,
Editions Noir sur Blanc, 288 p.

A lire également :
Martin Pollack, Empereur d’Amérique, le grand exode de Galicie,
Editions Noir sur Blanc, 2015, 256 p.

résidences croisées franco-allemandes

AZ – ALLER & ZURÜCK

La 1ère édition du programme de résidences croisées
franco-allemandes AZ – ALLER & ZURÜCK est lancée !

Mené par les Instituts Goethe de Nancy et de Strasbourg et le
Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne (Berlin),
le programme de résidences ALLER & ZURÜCK fait suite au
programme Ouest-Ost (2017-2020) et est soutenu par l’OFAJ
(l’Office franco-allemand pour la Jeunesse), la DRAC Grand Est et le
Centre français de Berlin.

Le premier appel à candidatures est lancé, pour une résidence de
4 mois à Berlin de juillet à octobre 2021.

Il s’adresse à des artistes émergent·e·s à partir de 25 ans, vivant et
travaillant dans le Grand Est et dont la discipline entre dans le
champ des « arts visuels » : peinture, dessin, photographie, arts
graphiques, vidéo, sculpture, installation.

Toutes les informations sont en ligne : 
http://www.goethe.de/strasbourg/allerzurueck.

Les candidatures sont à transmettre d’ici le 31 mars (tout se déroule via un formulaire en ligne).