#Lecturesconfinement : Les champs d’honneur de Jean Rouaud par Emmanuelle Delacomptée

Je conseille de découvrir ou de
relire Les champs d’honneur de
Jean Rouaud. Quel style
flamboyant ! Que l’auteur
décrive la vieille 2 CV de son
grand-père ou l’atmosphère
d’une ville après la pluie qui
« repose comme un souvenir sous la
lumineuse clarté d’une cloche de
cristal »
, les phrases ont une
poésie incroyable. Un sens des
images, une sensibilité rare. C’est
la France de nos anciens qui se
dessine dans ces pages, avec la
guerre de 14 en toile de fond. Les souvenirs de Jean Rouaud
réveillent les nôtres. Un grand livre.

 

Emmanuelle Delacomptée est éditrice aux éditions Robert Laffont
et auteure de deux romans chez JC Lattes : Molière à la campagne
(2014) et La Soie du Sanglier (2018) ainsi que d’une bande-dessinée
Sacrés chefs !à paraître chez Flammarion en janvier 2021.


Les champs d’honneur
de Jean Rouaud (Minuit)
par Emmanuelle Delacomptée

#Lecturesconfinement : Pluie noire de Masuji Ibuse par Corinne Atlan

Au Japon, le début du mois d’août est
marqué par les commémorations des
bombardements nucléaires sur
Hiroshima et Nagasaki en 1945. C’est
peut-être l’occasion de découvrir une
œuvre majeure de l’après-guerre, qui
revient avec précision sur l’explosion
atomique d’Hiroshima et ses
conséquences (Profitez-en aussi pour
voir ou revoir la magistrale adaptation
cinématographique que Shohei
Imamura a tirée de ce roman en 1989).

En fuyant la région le lendemain du bombardement, la jeune Yasuko
et sa famille ignoraient que la « pluie noire » qui tombait ce jour-là
était radioactive… Quelques années plus tard, stigmatisée par ce
passé, elle peine à trouver un mari, en dépit de ses nombreuses
qualités. L’oncle qui l’a recueillie entreprend alors de démontrer que,
n’étant pas à Hiroshima au moment de l’explosion, elle n’a pas été
contaminée par les radiations. Il remonte le fil des évènements en se
basant sur son propre journal et celui de sa nièce. Témoignage
extrêmement documenté, construit à partir de divers points de vue,
et vibrant plaidoyer dénué de tout pathos, Pluie noire est « le »
roman à lire sur la tragédie de Hiroshima et la discrimination dont
furent victimes les survivants de la bombe.

Corinne Atlan a été la traductrice de Haruki Murakami et de
Hitonari Tsuji dont Le Bouddha Blanc a obtenu le Prix Femina
étranger (1999). Egalement écrivaine, elle a publié plusieurs livres
dont Un automne à Kyôto (Albin Michel, 2018)

Pluie noire
de Masuji Ibuse (Folio)
par Corinne Atlan

#Lecturesconfinement : Sukkwan Island de David Vann par Laurent Pfaadt

Il y a des livres qui vous
poursuivent. Qui vous hantent.
Vers lesquels vous revenez sans
cesse. Sukkwan Island est l’un
d’eux. Tout commençait bien
pourtant. Une séparation et un
père qui décide de reconstruire
son relation avec son fils. Un
endroit à la fois sauvage et
intemporel : l’Alaska. Parfait pour
rattraper le temps perdu. Tout se
passe pour le mieux. Jusqu’à cet
instant où tout bascule. Sans crier
gare. La peur. Le néant.
Irrémédiables. Au minimum un chef d’œuvre.


Sukkwan Island
de David Vann (Gallmeister)
par Laurent Pfaadt

#Lecturesconfinement : Nature humaine de Serge Joncour par Pascale (Librairie Larcelet, Saint Dizier)

Nature humaine nous transporte
dans le monde rural post Trente
Glorieuses. Dernier d’une lignée
d’agriculteurs, Alexandre, isolé dans
sa ferme du Lot, doit faire face aux
grandes mutations du monde
agricole. La planète, elle aussi,
souffre de ces bouleversements
climatiques, écologiques, sociaux
(sécheresse de 1976, catastrophe
du cargo Erika, attentats
terroristes…).
C’est aussi une belle histoire
d’amour entre le très idéaliste Alexandre et la belle étudiante allemande, Constanze.
Ce roman est surtout une ode à la fragilité de cette nature qui nous
entoure et une réflexion sur notre nature humaine…
Librairie Larcelet, Saint Dizier (52100)

Nature humaine
de Serge Joncour (Flammarion)
par Pascale (Librairie Laclaret, Saint Dizier)

#Lecturesconfinement : Price de Steve Tesich par Joseph d’Anvers

Daniel Price a dix huit ans. Il
habite East Chicago et rêve
de se tirer de là.

C’est l’été. Son dernier dans
ce trou à rats industriel. 

Il traine avec ses amis de
toujours en attendant la
rentrée qui les séparera
inéluctablement, quand
surgit Rachel, une jeune et
mystérieuse fille qui va tout
bouleverser.

Price est un grand roman. Un roman d’adolescence, un roman
initiatique, qui nous ramène à la fois dans les années 60 et dans
notre propre jeunesse. Tout y est juste, sensible et puissant, fragile
et maitrisé à la fois. 

Ce premier livre de Steve Tesich (qui écrira Karoo quelques années
plus tard) explore les méandres de cette période si particulière
qu’est l’entrée dans l’âge adulte, et décortique avec minutie les
sentiments, les doutes, les affres, les questionnements, les pulsions
et les désirs qui nous torturent alors, avec ce souffle épique et cette
fluidité propres aux grands romans américains.

Joseph d’Anvers est auteur-compositeur-interprète et écrivain. Dernier livre paru : Juste Une Balle Perdue (Rivages)

Price
de Steve Tesich (Monsieur Toussaint Louverture)
par Joseph d’Anvers

#Lecturesconfinement : Sous le ciel des hommes de Diane Meur par Louis-Philippe Dalembert

Le grand-duché, imaginaire,
d’Éponne : luxe, calme, sans
volupté, sinon clandestine. Une
femme, Sylvie, qui tente de fuir
la routine de la vie conjugale.
Des jeunes déterminés à
combattre « la déraison
capitaliste »
. Un journaliste
vedette qui tente de se
racheter une conscience en
accueillant un migrant sous son
toit.  

Voilà brossé à grands traits le paysage de Sous le ciel des hommes.
L’écriture plurielle, tour à tour fluide et poétique de Diane Meur, sa
capacité à fouiller l’âme humaine, à en interroger les ressorts secrets
achèvent d’en faire un roman exigeant, très agréable à lire. Une
manière belle de distiller l’espoir, malgré tous les vents contraires de
l’actualité.

Louis-Philippe Dalembert est poète (Cantique du balbutiement,
Bruno Doucey, 2020) et romancier : Mur Méditerranée (Sabine
Wespieser, 2019), prix de la langue française, choix Goncourt de la
Suisse et de la Pologne, finaliste du Prix Goncourt des lycéens.

Sous le ciel des hommes
 de Diane Meur (Sabine Wespieser éditeur)
par Louis-Philippe Dalembert

#Lecturesconfinement : Tu seras un homme mon fils suivi de lettres à son fils de Rudyard Kipling par Laurent Pfaadt

Le temps passe et la beauté de ce
poème demeure et inspire toujours
autant. Tu seras un homme mon fils est
l’une de ses merveilles de la
littérature, avec peut-être le Prophète
de Khalil Gibran, à avoir conservé
intacte cette puissance évocatrice
dans la relation parents/enfants. Le
poème est ici rejoint par ces lettres,
traduites pour la première fois en
français, que Kipling adressa à son fils
lors de la Première guerre mondiale.

Celui que Rudyard Kipling appelle
« Mon Vieux », son fils John, intégra les Irish guards un peu la fleur au
fusil. On parle de banalités, d’automobiles, de connaissances, de
chocolat. Lentement pourtant, la guerre se rapproche et celle du
père, déconnectée de la réalité du front, tranche avec celle de John
et de ses milliers de soldats qui attendent le feu. Et, inexorablement,
ce dernier arrive, engloutissant les hommes, les idéaux. Le 25 août
1915, Kipling écrivit à son fils : « Mon cœur (…) est tien à jamais. Et moi
aussi, par conséquent »
. Un mois plus tard, John disparaissait lors de la
bataille de Loos. Kipling ne retrouva jamais son fils, restant seul au
milieu de ces mots sublimes qui ont traversé le temps.

Tu seras un homme mon fils suivi de Lettres à son fils
de Rudyard Kipling (1001 nuits)
par Laurent Pfaadt