
Matas, est un grand roman sur la
littérature, sur l’amour des livres, et sur
ce que la littérature fait à la vie.
publié un roman sur l’impossibilité de
l’amour. Puis il avait cessé d’écrire.
Pourtant, vingt-cinq ans plus tard, le
voilà qui se lance dans une « promenade
à travers le labyrinthe de la Négation »,
prenant des notes sur ces auteurs qui
ont renoncé à la littérature après un
seul livre, qui sont devenus fous, qui ont
estimé qu’écrire leur était devenu impossible, qui ont perdu
l’inspiration, qui se sont trouvés trop heureux ou trop malheureux
pour poursuivre leur œuvre. Bref, tous ceux qui, d’une façon ou
d’une autre, furent frappés du « syndrome de Bartleby » – le
personnage de Melville qui répétait inlassablement : « I would prefer
not to ».
Tolstoï (qui en vint à considérer la littérature comme une
malédiction), de Salinger (qui se coupe du monde et cesse d’écrire)
ou de Pynchon (qui se coupe du monde pour continuer à écrire). On
y retrouve également Rimbaud et Pessoa, Walser et Kafka,
Maupassant et Wilde. Melville lui-même, le père de Bartleby,
deviendra inspecteur des douanes et n’écrira guère plus au cours
des trente dernières années de sa vie.
cette « littérature du refus ». Peut-être est-ce justement dans cette
confrérie des « écrivains négatifs » que l’on trouvera les derniers à
prendre la littérature au sérieux.
vivants (Gallimard)
Bartleby et compagnie d’Enrique Vila-Matas (Christian Bourgois) par David Rochefort